Que ce soit les bons chiffres des créations d’entreprise à Mayotte, ou ceux des créations d’emplois dans le secteur privé, ou encore le redressement du moral des entrepreneurs, pas d’erreur, c’est un complot généralisé pour nous cacher la vérité, selon certains lecteurs… Malheureusement, elle est déjà assez sinistrée pour se sentir obligé d’en rajouter, et bouder notre plaisir quand les nouvelles sont bonnes. C’est un peu l’angle d’attaque de la « Mission sur l’attractivité de Mayotte » commandée par l’Agence de Développement et d’Innovation de Mayotte (ADIM). Elle était présentée ce mardi 20 février à la Maison de l’Entreprise à Mamoudzou.
« Il faut défendre les atouts de la marque Mayotte sur le territoire et dans la zone océan Indien, accompagner la réflexion sur une stratégie de territoire, et ainsi mieux le vendre et attirer les investisseurs internationaux », annonce Ben Issa Ousseni, le président de l’ADIM.
« Ce n’est pas une étude de plus, mais il faut bâtir ce que tout territoire a déjà fait, un diagnostic avec l’ensemble de la population pour établir les priorités à mettre en avant pour changer notre image, de laquelle va découler une ligne de conduite », assure-t-il en présentant le cabinet chargé de la mission d’un coût de 24.000 euros, CNER Expertise, représenté par Emmanuel Brandenburger, directeur de Metz Métropole Développement, ville dans laquelle CNER Expertise a déjà effectué un diagnostic.
Ne pas survendre
Il ne s’agit pas de jeter un voile sur les difficultés du 101ème département français, « ce n’est pas notre rôle d’éradiquer la délinquance, mais de lister les forces et les faiblesses du territoire, de valoriser certains points, et de proposer aux habitants de les mettre en avant, en tant qu’ambassadeurs, pour donner envie d’y investir. Que les regards extérieurs voient une île qui a pris son destin en main en tout cas », explique Emmanuel Brandenburger.
Il s’agit aussi bien sûr, et on pourrait dire avant tout, de développer l’attractivité interne, comme le souligne Frantz Sabin : « Les jeunes Mahorais qualifiés doivent pouvoir revenir chez eux, et inscrire leurs enfants dans les établissements scolaires sur place ».
C’est toute la limite de l’exercice. Si des pôles d’activité peuvent être mis en avant pour attirer, sur place, rien ne pourra rehausser l’image du niveau scolaire, ni celle d’écoles en rotation. « Il va falloir suivre avec des politiques publiques que ce soit de l’Etat ou du Département, et tenir les promesses que l’on avance. De notre côté, on ne va pas survendre », avertit Emmanuel Brandenburger.
Une marque de territoire
Il va effectuer une synthèse des études existantes, « notamment celle sur la perception des Outre-mer et leur image réalisée par le ministère des Outre-mer », et créer 3 groupes de travail, Tourisme, Economie et Cadre de vie, auxquels participeront des acteurs de ces domaines, et définira un positionnement concurrentiel du territoire par rapport aux autres que sont Maurice, les Seychelles, etc.
Le diagnostic est en cours et sera mené pendant deux mois, pour aboutir à un document finalisant la stratégie vers le milieu de l’année, « avec la mise en œuvre des actions à partir de septembre 2018 ».
Un positionnement avec des éléments de langage qui aura permis à La Réunion par exemple de limiter des impacts de la crise requins ou celle du chikungunya… « Beaucoup de territoire se sont interrogés sur leur attractivité et ont développé une marque de territoire, avec à l’issue, un sentiment de fédérer et d’appartenance au territoire. Il faut redonner de la fierté aux Mahorais », conclut-il.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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