Comme Mayotte, la Martinique a du élaborer son Schéma de développement économique, nommé là-bas Schéma Territorial de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation de la région Martinique. « Territorial » car la Martinique, est une collectivité unique, Département et Région ayant fusionné. « Territorial », c’est aussi ce terme qui devrait être appliqué à Mayotte si elle était un vrai département-région, petite pique en passant aux récalcitrants du toilettage institutionnel.
Ils l’ont fait, et ils viennent nous en parler : Marie-Claude Derné, Chargée de mission de la Collectivité Territoriale de Martinique, était conviée au colloque sur le développement économique de Mayotte pour donner les étapes d’élaboration de ce Schéma de développement.
Tout d’abord, les Martiniquais ont choisi de « faire de cette obligation une opportunité » : « Nous venions de passer en assemblée unique, nous avons donc travaillé de concert, en associant immédiatement les services de l’Etat, et dans une logique partenariales, les acteurs économiques. »
Seuls trois secteurs ciblés
Mayotte est en pleine mutation ? La Martinique aussi ! « M
utations environnementales, démographiques, sociétales, ont été incorporées pour réfléchir à l’attractivité territoriale des investisseurs. » Le territoire doit répondre à un triple défi : une population vieillissante qui n’épargne pas les chefs d’entreprise, la fuite des cerveaux des jeunes qualifiés « comme à Mayotte », ainsi que la marginalisation des jeunes non qualifiés.
Une fois ces 4 enjeux notés et qualifiés, « durabilité », « attractivité », « compétitivité », employabilité », ils ont été déclinés sur trois secteurs clé de développement : l’agroenvironnement, l’économie bleue et le tourisme.
Et un plan d’action a été rédigé. « Par exemple, sur la durabilité, nous avons mis en réseau l’université et le monde de la finance qui travaillent habituellement de manière isolée, pour rémunérer des programmes de recherche. » Autre exemple, sur l’économie bleue et l’aménagement des zones portuaires, « ports de commerce et de pêche étaient sur la même zone, créant des conflits d’usage ».
Les finances, le nerf du Schéma
La principale difficulté fut la mobilisation des partenaires : « Pour les maintenir en éveil nous leur avons demandé de proposer des projets qui entrent dans les orientations stratégiques, et les réunions se faisaient par le biais d’une plateforme numérique collaborative qui élude les problèmes de déplacements », retrace Marie-Claude Derné.
Détail important qui permet de rendre compatible la loi et les réalités du territoire : « Nous avons traité de problématique qui ne sont pas dans la loi NOTRe en associant très tôt les services de l’Etat, qui valident ensuite le Schéma par un arrêté. »
Enfin, des fiches actions ont été rédigées, permettant d’identifier le pilote, les freins juridiques et les sources de financement, « ce dernier point assure la pérennité des actions. Des financements existent déjà sur l’enveloppe européenne ou le contrat de projet Etat région, ou sur le programme InterReg de coopération régionale.
Une assise financière garantie, c’est l’aboutissement de tout ce processus dont Mayotte peut s’inspirer, dès lors qu’on a vu que des spécificités locales pouvaient être traitées en collaboration avec les service de l’Etat.
Un tableau avec les partenaires de la Collectivité a été établi, permettant des financements croisés, Etat, Europe, Collectivité, acteurs privés et publics. Un suivi indispensable est mené grâce à la Conférence Territoriale de l’Action Publique, structure présidée par le président du conseil régional, destinée à favoriser un exercice concerté des compétences.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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