Nous arrivons dans une pièce où se tient un débat sur les acquis sociaux à la Colas Mayotte : une prime journalière de transport de 3,40 euros, des tickets restaurant de 8,60 euros pris en charge à 60% par l’employeur, le 13ème mois, Serge Plechot, Secrétaire général de la CGT Construction, Bois et Ameublement, est surtout là pour écouter, et assurer un rôle de veille syndicale, « c’est plutôt rare qu’un secrétaire général de Fédération vienne à Mayotte. Or, c’est un département à part entière de France ». Il est arrivé depuis 2 heures ce lundi, en compagnie des réunionnais Raymond Payet, CGT Vinci construction DOM, et de Jacky Balmine, Secrétaire CGT BTP Réunion.
Un de ses objectifs est de voir ce qui coince ici dans le dialogue social, « ils ont une forte capacité à mobiliser, contrairement à la métropole. Quand les syndicalistes montent au créneau, ils savent se faire entendre », même si Serge Plechot en convient, la longueur des conflits animés par la CGT a fait souffrir le salariat.
En cause selon lui, le fonctionnement des grands majors français ici, tel que Bouygues ou Vinci, « nous sommes venus voir s’il y a le même dialogue social qu’en métropole ». Et s’ils sont là, c’est que les remontées les incitent à répondre par la négative : « Le patronat ici a conservé un esprit colonialiste. Nous avons remarqué que certains dirigeants qui étaient en métropole n’ont pas le même comportement une fois à Mayotte. »
Des baronnies internes
Un phénomène que lui et les militants locaux expliquent : « Ce ne sont pas forcément les dirigeants qui font la politique sociale de l’entreprise, ce sont la plupart du temps des chefaillons qui sont depuis longtemps à Mayotte, et qui n’ont pas cette culture du dialogue social ».
A la question de savoir s’ils ont sollicité le Medef pour une rencontre, Serge Plechot répond qu’il n’y a pas de raison que ses représentants soient différents ici qu’en métropole, « nous préférons travailler pour renforcer nos forces en interne à la CGT ». Alors, un regain de tensions sociales à prévoir ? « Oui, si nous n’y arrivons pas par le dialogue ».
Il faut dire que les dossiers ne manquent pas à Mayotte. L’application du code du Travail notamment, « en 2022, alors que c’est un département français ! » Lorsqu’on évoque la difficulté d’augmenter d’un coup d’un seul les cotisations sociales, le syndicaliste répond qu’il s’agit surtout pour le patronat de ne pas relever les cotisations patronales, « les salariés sont d’accord pour cotiser plus pour obtenir des avancées sociales. » Mais le frein incompréhensible reste l’application du code de la Sécurité sociale, qui revient à ne pas financer les avancées sociales, comme le congé paternité par exemple.
Autres revendications, la mise en place des Prud’hommes, et le relèvement du plafond pour les retraites, qui restent à 400 euros environ, à Mayotte. Une misère.
Serge Plechot assure les militants locaux des remontées de ces retards à la Convention collective nationale.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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