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vendredi 3 mai 2024
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Les gilets jaunes investissent les rues

Ils sont partout : dans les quartiers, aux passages pour pétions, aux abords des écoles… les gilets jaunes, orange parfois, mais toujours fluo, ont fait leur apparition depuis environ 6 mois. Avec eux, la tranquillité s’est installée. Comment ça marche ?

Lorsqu’on a vu émerger quelques gilets jaunes, les mêmes que ceux qui ont été rendus obligatoire par le code de la route en cas de panne ou d’accident, on s’est posé des questions. Déambulant par groupe de trois ou quatre, on a vite compris qu’il s’agissait de patrouilles. Et comme des poussins, ils se sont multipliés à l’issue de la mobilisation sociale de mars dernier.

Ces hommes et femmes qui se sont improvisés guetteurs, sont des habitants des quartiers qu’ils surveillent. « Cela fait presque 7 mois que nous avons mis en place ce dispositif à Mangatélé, notre quartier de Kawéni. Nous sommes organisés en plusieurs groupes, certains font de 7h à midi, les autres prennent jusqu’à 17h, puis un autre groupe jusqu’à minuit, et d’autres encore jusqu’à 4h du mat’ », nous explique ce groupe aux gilets estampillés SOP, pour Solidarité, Obéissance, Prévention.

Un gilet jaune… pas bleu

Thierry Lizola et Stephane Demeusy expliquent l’intérêt d’un dispositif qu’il a fallu recadrer

Rien que sur Mangatélé, ils sont 573, « mais sur la totalité de Kawéni, ils sont prés de 900 », nous explique Nassur Majani, le fils du maire, qui est le trésorier du collectif « les gilets jaunes ». Un concept qui a rapidement fonctionné, les actes de délinquances ont considérablement diminué sur ce quartier de Mamoudzou, « nous n’avons pratiquement plus besoin d’appeler la police, et quand c’est le cas, nous avons un numéro spécial pour une intervention plus rapide », le numéro du Bureau Partenariat Prévention de la police nationale.

Mais un concept qu’il a fallu recadrer, pour contrer des inévitables débordements du type « je fais justice moi-même », comme nous l’explique le commandant Demeusy, directeur adjoint de la sécurité : « Si on ne peut empêcher les habitants d’exercer une vigilance citoyenne, on ne peut tolérer des débordements ou des abus de pouvoir. Nous avons donc dû former les leaders, en particulier en leur dispensant des cours d’instruction civique. Pour nous la ligne rouge, c’est tout acte qui serait contraire à la loi, comme l’abus de pouvoir en détenant quelqu’un contre son gré, une sanction collective, ou se faire justice soi-même. »

Certaines victimes ont d’ailleurs déposé plainte, « des membres du collectif ‘Gilets jaunes’ font l’objet d’une procédure judiciaire, et sont convoqués à une audience correctionnelle. »

Une autorité parentale partagée

Le commandant reconnaît leur rôle « non négligeable » dans le maintien de la tranquillité dans les quartiers. Thierry Lizola, référent sécurité au Bureau Partenariat et Prévention de la Police nationale a suivi de très prés la mise en place de ces gilets jaunes : « Ce sont avant tout des parents dont certains sont dépassés pour assumer leur autorité parentale. A plusieurs, ils se sentent plus forts, dans une société où l’enfant est régi par un groupe élargi de personnes. »

Tous ne sont pas nés à Mayotte, et plusieurs sont en situation irrégulière, ce qui ne les empêche pas de vouloir agir pour la tranquillité des quartiers, tout en restant vulnérables en cas de contrôle de la PAF, et donc expulsables.

Les gilets jaunes sont donc dans un rôle de « citoyens vigilants », « mais ils ne sont en aucun cas acteurs de sécurité, ni de prévention », conclut Stéphane Demeusy.

Lors des journées Boost’in Kawéni organisées à la CCI, les participants se sont réjouis d’une diminution de la délinquance dans ce quartier, en se demandant comment pérenniser l’opération à l’échelle de l’île.

Alors que la délinquance est un problème national, avec des interrogations sur la gestion des quartiers difficiles, un dispositif de proximité à breveter ?

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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