Les remontées que nous avons du CHM ne sont pas bonnes : plusieurs personnes atteintes de graves maladies, et certaines présentes de longue date à Mayotte, ne peuvent plus se faire soigner, car leur couverture sociale est échue avec la date de fin de leur titre de séjour.
Une position difficile à tenir, pour le président du CHM Issa Issa Abdou, qui revient à l’origine du blocage, « l’absence de reconduites, mais surtout, l’absence de fermeté de l’Etat français. Personne ne peut comprendre qu’on n’arrive pas à faire plier un Etat aussi pauvre alors que nous avons les moyens financiers de le faire », la France est en effet le premier bailleur de l’Union des Comores, comme nous l’avions détaillé. Etant donné les difficultés de santé que cela pose, on se demande d’ailleurs pourquoi la France ne puise pas dans son budget d’aide humanitaire pour venir au secours de ces malades en danger.
Pour Issa Abdou, il y a d’un côté l’incompréhensible problème diplomatique, et de l’autre, « des conséquences humaines qui incitent à condamner la fermeture aussi prolongée d’un service de l’Etat. En tout cas, si les reconduites ont repris, il faut le dire ! »
L’élu en charge du social et de la santé rencontrait le 12 septembre la présidente de l’ARS OI, Martine Ladoucette, qui succède à François Maury aux positions hermétiques sur la sortie de Mayotte du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT), dont il avait signé l’arrêté à reculons, ou sur une ARS de plein exercice à Mayotte.
Balnéothérapie en Petite Terre
« C’était plus qu’une première prise de contact, déclare-t-il, nous avons eu des échanges francs sur la situation antérieure, notamment sur la faible enveloppe du Fonds d’Intervention Régional », à l’origine de la démarche de sécession de Mayotte. Ce n’est qu’une projection, mais l’ARS de plein exercice à Mayotte, dépendante en droite ligne du ministère de la Santé devrait se concrétiser en 2019. « Ce n’est pas un divorce avec La Réunion, répète-t-il à l’envi, mais une volonté de mettre en place des solutions adaptées au territoire. »
Contrairement à son prédécesseur, la nouvelle présidente assurait de sa présence lors des prochains conseils de surveillance du CHM, et les échanges ont également porté sur la mise en place d’une première d’année d’étude chère à l’élu, celle de médecine, « pour rétablir l’attractivité de l’île en mal de médecins. Je me suis fait la promesse d’y arriver avant la fin de ma mandature. » Encore faut-il que le Centre universitaire soit prêt.
Le projet de l’hôpital de Petite Terre date tellement qu’on peut y rajouter des services supplémentaires, « nous avons demandé que la balnéothérapie soit intégré aux suites de soins, ce qui ne figurait pas au projet initial. »
Dernier volet de l’actu politique dans le secteur du social, la venue ces jours-ci d’une délégation d’élus réunionnais, « la suite d’un échange que j’avais eu il y a quelques mois avec le nouveau président du conseil départemental réunionnais, Cyrille Melchior, qui doit aboutir à la signature dans les semaines à venir d’une convention entre nos deux collectivités. » Des échanges d’expérience, pas du tout à sens unique, « ils ont une expertise en Fonds de Solidarité Logement par exemple, et sont intéressés par des mesures de solidarité que nous avons mises en place pour les personnes âgées, ou en matière de rapatriement des corps. »
Au menu de la rencontre notamment, la visite des quartiers difficiles à Kawéni.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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