Une quarantaine de professionnels de santé sont réunis depuis ce lundi matin pour les journées de la réanimation pédiatrique. Une initiative qui a lieu à Mayotte depuis 2015. C’était donc la 4e édition. “C’est devenu un moment annuel incontournable” se réjouit la directrice de l’hôpital Catherine Barbezieux. “On parle beaucoup d’attractivité et de fidélisation dans l’outre-mer. Je suis persuadée que ce sont avec des initiatives de cette sorte qu’on travaille à cette attractivité. En 2015, on n’était pas sûr de pouvoir maintenir ce service de réanimation” poursuit la responsable qui salue l’implication du personnel et de l’ARS qui ont permis de pérenniser cette activité vitale.
Ces rencontres servent à “mettre en place des protocoles qui permettent d’homogénéiser la prise en charge” indique le Dr Renaud Blondé, responsable de la réanimation pédiatrique au CHM. Dans un établissement où 50% des prises en charge aux urgences concernent des mineurs, l’enjeu est majeur. “Il s’agit de garder cette polyvalence des urgentistes avec une surcompétence en pédiatrie. C’est une force de Mayotte qu’il faut continuer à développer”.
Les bilans de chaque réunion sont ainsi partagés sur un serveur intranet qui bénéficie à tous les praticiens pour échanger les bonnes pratiques.
Ce lundi matin, l’accent était mis sur les poly-traumatismes de l’enfant, notamment les atteintes au crâne, qui nécessitent une prise en charge extrêmement rapide, et des soins bien spécifiques. “Un enfant n’est pas un petit adulte” insiste Lionel Berthomieux, pédiatre au centre hospitalier de Toulouse, qui souligne la nécessité que les enfants soient pris en charge par des réanimateurs spécialistes.
Vers un “Service de réanimation pédiatrique et adulte”
Or, la moitié de la population de Mayotte a moins de 18 ans et tombe dans le champ de la pédiatrie. La moitié des appels au 15 concerne des mineurs. Pourtant, le CHM ne bénéficie toujours pas d’un service dédié à la réanimation pédiatrique. Toutefois, des avancées notables sont en cours.
Au CHM, les enfants nécessitant une réanimation sont accueillis dans le service adulte, où trois médecins sur les huit que compte le service sont des spécialistes de la réanimation pédiatrique. Un service dans lequel “les places sont chères” estime le Dr Renaud Blondé auprès de ses confrères. Pour l’heure, il n’est pas question d’avoir un service de réanimation dédié aux enfants, faute de “nombre suffisant de cas gravissimes”. En revanche, “ce qui est d’actualité, poursuit le Dr Blondé, c’est que l’ARS nous reconnaisse une compétence de réanimation pédiatrique. Il faut pour cela un seuil de 200 enfants accueillis chaque année, et des médecins spécialistes. On est maintenant à 3 réanimateurs pédiatriques, et 25% des admis dans le service de réanimation adulte sont des enfants”.
Ce service accueillant 800 patients chaque année, dont 200 enfants qui y sont réanimés chaque année. Le seuil est donc atteint.
L’autre critère pour bénéficier de cette reconnaissance mixte “Service de réanimation pédiatrique et adulte” est que le service de réanimation pédiatrique le plus proche soit à plus de 3h de transport. “Or le premier service de réanimation pédiatrique spécialisé est à Saint-Denis de La Réunion. Si on compte la barge, l’ambulance, le vol avec Air-Austral, il faut compter huit heures” poursuit le spécialiste.
Pour bénéficier de ce nouveau statut qui apportera au service deux lits supplémentaires, “un dossier sera déposé à la fin du mois pour qu’on soit reconnus Service de réanimation pédiatrique et adulte au début de l’année 2019”. (Voir le Programme congrès 2018)
Y.D.
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