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vendredi 26 avril 2024
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Violences de Dembéni : un conseil de sécurité pour ne pas revivre le cauchemar

Sous la forme d'un CLSPD d'urgence, les acteurs de la sécurité et de la prévention étaient réunis ce mercredi matin sous la double présidence du maire et de la préfecture. Des actions existent et ont fait leurs preuves dans d’autres communes.

Ce week-end ressortaient de nos mémoires des images de 2011 : une impression que face à ces hordes de jeunes déchainés, personne ne tenait la barre. A ceci prés que cette fois, la gendarmerie intervenait pour tenter de les contenir. «  Nous avons pu disperser à plusieurs reprises les individus, mais des dégâts humains et matériels sont à déplorer, nous avait expliqué mardi le général de gendarmerie Philippe Leclercq, avec 5 gendarmes mobiles blessés et une soixantaine de véhicules de particuliers dégradés, dont 8 incendiés ». Selon lui, une majorité sont mineurs, « 80% environ », certains sont scolarisés, d’autres non.

« Nous retrouvons toujours les rixes pour appartenance territoriale, pour un vol de vélo cette fois, mais un regard de travers une autre fois. Ce que j’appellerais une tragique simplicité de phénomènes récurrents. » Si le déploiement d’effectifs est conséquent depuis dimanche, la gendarmerie n’a pas la capacité de travailler sur les causes du phénomène, « notamment les manquements dans l’éducation. » Six enquêteurs de la section de recherche ont été détachés pour cette tentative d’homicide.

Mutisme des élus face à une situation complexe

Une des voitures caillassées à Tsararano

Déjà, et c’est un signe, en réponse au drame d’un homme, candidat aux élections, qui victimes d’extrêmes violences, qu’on annonçait toujours dans le coma hier, aucun élu condamnant ces actes dans les 48h qui suivaient. Le vice-président Issa Abdou sauvait avec courage le mutisme des élus ce mercredi pour appeler à l’apaisement.  Jusque là, la parole est revenue au préfet, pour appeler parents et élus à prendre leurs responsabilités. Encore une fois, la nature ayant horreur du vide, le représentant de l’Etat occupe le terrain. Mayotte aura grandi quand on aura oublié le nom du préfet, comme c’est le cas dans d’autres départements en métropole.

On me rétorquera qu’il est dans son rôle régalien de maintien de l’ordre public et dans un contexte qui relie ces violences à l’immigration clandestine, mais l’exercice a ses limites : qu’en sera-t-il si toutes les bandes de jeunes de toutes les communes se mettent simultanément à saccager ? Faut-il mettre un gendarme derrière chaque habitant ? Poser des doubles barrières autour des établissements scolaires qui ressemblent déjà à des prisons ? « Lorsque nous serons dans le tout répressif, nous aurons perdu la guerre », mettait en garde le directeur de cabinet du préfet, Jean-Baptiste Constant ce mercredi matin.

CLSPD, le retour

Car se tenait en mairie de Dembéni un conseil de sécurité exceptionnel pour trouver des réponses aux émeutes de ce week-end. Trouver des clefs pour que cela ne se reproduise plus, c’est ce qui avait guidé nos pas, comme nous l’avions fait pour Mamoudzou et Koungou, notamment. Mais, en dépit de l’accord préalable du maire, Ambdi Hamada Jouwaou, nous avons été refoulés, « pas de médias, seul le préfet communique », lâchait le directeur de cabinet.

Ce restaurateur a tout perdu avec l’incendie de son restaurant et de son véhicule

Etaient présents le maire, la préfecture à travers Jean-Baptiste Constant et le capitaine Chamassi, la vice-procureur, le général de gendarmerie, la brigade de lutte contre la délinquance juvénile, le Centre universitaire, la Mission locale, les chefs d’établissement de Dembéni et Tsararano, le chargé de mission de la ville, le transporteur Matis, la police municipale, des parents d’élèves de Tsararano et de Dembéni, et des associations.

Plusieurs intervenants nous ont rapporté les axes essentiels qui tournent autour de la prévention. « Comment des gamins de 10 ans se retrouvent à lancer des boules de pétanque, et pourquoi sont-ils dans la rue à 22h ? » Chacun a son rôle. L’outil phare, c’est le CLSPD, le Conseil local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance. Il doit réunir chaque mois tous les acteurs de la prévention, cités plus haut. Selon nos informations, la commune a réinvesti ce champ il y a quelques mois, convoquant des réunions mensuelles. Mais sans pour autant mettre en place toutes les préconisations.

Exclu du lycée, stage en mairie

La Maison pour tous de Dembéni où se tenait la réunion

Plusieurs conventions doivent en effet être signées. Celle portant sur la participation citoyenne entre la mairie et la gendarmerie. Une autre entre les chefs d’établissement et la mairie. Elle doit permettre au jeune qui a subi une sanction disciplinaire, d’être pris en charge par les services techniques de la mairie le temps de son exclusion du collège ou du lycée, et ainsi éviter qu’il erre aux abords de l’établissement et cherche à se venger. Plusieurs communes l’ont déjà adopté avec succès.

Un arrêté de couvre feu vient d’être pris, ou plutôt d’interdiction de présence des mineurs non accompagnés au delà de 20h, sous menace d’une sanction de 11 euros pour ses parents. Mais un travail doit être mené avec la police municipale pour qu’elle contacte les parents.

Egalement, un dispositif de rappel à l’ordre, équivalent de celui de rappel à la loi devant le procureur, qui amènerait le jeune devant le maire pour un passage de savon en règle.

Les associations qui connaissent ces jeunes pourraient aussi être sollicitées pour accompagner individuellement les jeunes les plus difficiles.

Enfin, le général Leclercq nous faisait une nouvelles fois remonter les difficultés d’interpeller les auteurs des faits faute de témoignage. A Koungou, cela a pourtant permis d’arrêter les méfaits de 6 jeunes entre 11 et 12 ans. Garantir le témoignage anonyme pourrait être une piste.

Anne Perzo-Lafond

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