C’est Emmanuel Macron lui-même qui l’avait annoncé à Mayotte face au désert notamment en terme d’établissements médicaux : « Nous avons lancé les investissements et les études pour un deuxième hôpital ( …) nous investissons sans relâche pour que la santé soit accessible à tous ». C’était lors de la conférence de presse à Hamjago (Mtsamboro), le 22 octobre 2019. Quelques heures auparavant, il avait lancé depuis Mamoudzou « la France c’est aussi la santé ! ».
En référence au flottement dans l’interprétation lors des jours qui ont suivi, le CESEM note bien qu’il ne s’agit pas de l’agrandissement du CHM, mais bien d’un deuxième établissement, qui bénéficie d’une enveloppe de 170 millions d’euros. Une bonne nouvelle dans une collectivité unique qui possède un hôpital… unique.
Tout cela a été transcrit, mais si le CESEM le matérialise par un vœu, « c’est que beaucoup de projets sont passés à l’as à Mayotte, avec des sommes qui ont été réaffectées à d’autres fins », nous explique, méfiant, Abdou Dahalani, président du CESEM. Il estime que la mise en place d’une ARS en nom propre permet à Mayotte de disposer de nouvelles « marges de manœuvres », en terme de prise de décisions.
Une architecture ambitieuse
En outre, l’assemblée rappelle que, contrairement à l’actuel CHM, le nouvel établissement est décidé au sein d’un territoire devenu département, « les dispositions du droit commun pourront s’appliquer à la construction (les équipements et les personnels) de ce nouvel hôpital, de telle sorte qu’on pourra apercevoir d’emblée ‘la différence’ entre le premier et le second établissement hospitalier de Mayotte. »
Le triple objectif poursuivi, accès aux soins pour tous, amélioration de la qualité des soins et davantage de médecins, appelle des ambitions à la hauteur, dont une « construction architecturale ambitieuse intégrant les dernières évolutions technologiques, l’ouverture de l’ensemble des spécialités médicales et notamment les services de traitement des AVC, des maladies mentales, de la pédiatrie et de gériatrie…, une équipe médicale plus étoffée et plus qualifiée, un centre de formation universitaire destiné à assurer la formation de personnels médicaux, et de recherche. »
5 ans de gestation pour l’hôpital de Petite Terre
On voit se profiler la volonté de créer non pas un simple Centre hospitalier mais de rajouter le U de universitaire, « rattaché à ses débuts à un CHU métropolitain ». Rappelons que le CESEM ne fait qu’émettre des avis, et qu’il s’agit en l’occurrence d’un simple vœu, mais qui doit permettre de nourrir le débat et donner du grain à moudre aux élus. Les CHU gèrent les soins courants, ils sont par ailleurs spécialisés dans des disciplines précises (pédiatrie, traitement du cancer, allergies, neurologie, addictions, …) et cumulent des fonctions de formation et de recherche.
Enfin, et cela va de pair avec le droit commun, le CESEM porte de nouveau la demande de la mise en place de la Couverture Maladie Universelle (CMU) et de la Couverture Maladie Universelle Complémentaire (CMU-C), et l’application du code de l’action sociale et de la famille ainsi que le code de la sécurité sociale « pour permettre aux malades de faire face à leurs frais médicaux ».
Appuyer les démarches en cours sur le futur hôpital ne doit pas être un vœu pieux, gardons à l’esprit que la construction de l’établissement dédié aux soins de suite et de réadaptation en Petite Terre s’est étalé sur plus de 5 ans, le premier ministre Manuel Valls en avait posé la première pierre en juin 2015… et il n’est toujours pas inauguré.
A.P-L.
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