Presque un tiers des lémuriens de Madagascar sont au bord de l’extinction, alerte l’UICN (lien en anglais) (Union internationale de conservation de la nature) qui a placé ces mammifères endémiques sur sa liste rouge “en danger critique d’extinction”.
33 espèces de lémuriens sont placées sur cette liste rouge, mais sur les 107 espèces recensées par l’UICN, 103 sont menacées à des degrés divers.
Parmi les plus menacés figurent deux des plus petits primates au monde, Propithecus verreauxi et Microcebus berthae. Ces espèces endémiques de Madagascar sont victimes du recul de leur habitat, principalement lié à la déforestation et à l’agriculture sur brûlis.
La chasse, quoi qu’illégale pour ces espèces, reste aussi une réalité qui accentue la menace qui pèse sur elles, indique l’IUCN.
7.5 millions de dollars pour les sauver
Pour autant, tout espoir n’est pas perdu pour ces habitants fragiles de la forêt malgache. “Grâce à la stratégie de préservation des lémuriens menée par l’UICN (…) nous avons pu lever 7,5 millions de dollars pour financier l’initiative ‘sauvons nos lémuriens'” indique l’UICN. Ces fonds permettent à des acteurs locaux de financer des projets d’éco-tourisme, de créer des aires protégées ainsi que de mettre en place des actions de patrouilles et de reforestation. Il s’agit aussi de faire de la prévention notamment dans les écoles pour sensibiliser au sort des lémuriens présentés comme un “trésor national”, et à la nécessité de les protéger. “Si la situation reste très sérieuse pour la plupart des espèces de lémuriens, il est permis de penser que certaines auraient déjà disparu sans ces actions” salue l’agence onusienne.
Et à Mayotte ?
L’organisme onusien alerte aussi sur le sort de plusieurs espèces de notre île, également menacées par le recul de leur habitat naturel, forêt primaire, mangrove ou lagon pollué.
Ainsi 12% des espèces de coraux de Mayotte seraient menacés selon l’UICN. “Les évaluations ont porté sur tous les coraux durs formant ces récifs, c’est-à-dire 301 espèces différentes incluant l’ensemble des coraux de l’ordre des scléractiniaires, les coraux de feux, le corail bleu et le corail orgue.”
Plus souvent médiatisés, les oiseaux sont eux aussi sous pression et pourraient bien, si l’on n’y prend pas garde, s’envoler pour de bon.
“Les résultats montrent que plusieurs espèces sont menacées à Mayotte. C’est le cas du Martinet noir africain, une espèce nicheuse, ou du Héron de Humblot, espèce visiteuse régulière, tous deux classés “En danger”. Le Crabier blanc, autre oiseau nicheur, est classé “En danger critique”, et le Drongo de Mayotte, espèce endémique de l’île, est en catégorie “Vulnérable”. Au total, 25% des oiseaux nicheurs de Mayotte sont menacés.
Etablies grâce à la participation d’un panel de spécialistes, ces évaluations ont été conduites par le Comité français de l’UICN et le Muséum national d’Histoire naturelle, en partenariat avec le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (GEPOMAY).”
En 2014, liste toujours en vigueur, l’UICN alertait sur le risque de disparition de 14 espèces de reptiles et amphibiens de Mayotte. “5 reptiles parmi les 12 espèces indigènes sont menacés. C’est le cas de la Couleuvre de Mayotte, un serpent endémique de l’île classé “En danger critique”, ou du Gecko diurne à bandes noires, classé en catégorie “Vulnérable”. Mayotte héberge également deux espèces d’amphibiens, toutes deux endémiques et figurant en catégorie “Quasi-menacée”” indiquait l’UICN.
Le constat est encore plus alarmant concernant la flore, puisque c’est là près de la moitié des espèces végétales endémiques qui sont en danger.
“L’analyse inédite conduite sur la flore de Mayotte montre que 43% des espèces sont menacées. Ces nouveaux résultats de la Liste rouge nationale portent sur l’ensemble des espèces composant la flore vasculaire indigène de Mayotte (fougères, arbres, orchidées et autres plantes à fleurs).”
La liste rouge de l’UICN est un outil qui vise à la préservation des espèces menacées rappelle l’ONU.
“Fondée sur une solide base scientifique, la Liste rouge de l’UICN est reconnue comme l’outil de référence le plus fiable pour connaître le niveau des menaces pesant sur la diversité biologique spécifique. Sur la base d’une information précise sur les espèces menacées, son but essentiel est d’identifier les priorités d’action, de mobiliser l’attention du public et des responsables politiques sur l’urgence et l’étendue des problèmes de conservation, et d’inciter tous les acteurs à agir en vue de limiter le taux d’extinction des espèces.”
Y.D.
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