“On part au combat”. Siaka Anli Djoumoi, délégué FO chez le transporteur Matis ne voit pas d’autre alternative que la grève, à l’issue d’une longue réunion avec les responsables des transports scolaires du conseil départemental.
Le syndicat réclamait une clause obligeant à conserver les salariés et leurs conditions d’emploi dans l’appel d’offre sur les transports scolaires qui doit être signé pour la rentrée 2021. Cet appel d’offre fait suite à trois ruptures consécutives du marché des transports scolaires à Mayotte ces dernières années.
Or, le dernier contrat en cours expirait le 31 juillet dernier, ce qui pose un problème double pour le conseil départemental, et fait s’arracher plus d’un cheveu à la préfecture.
D’une part, les quelque 80 salariés de Matis pourraient se mettre en grève ce lundi, avec un risque de paralysie partielle de la rentrée scolaire. Leur revendication qui porte sur l’obligation de conserver tous les salariés et leurs avantages acquis lors du marché à venir doit être étudiée ce vendredi au tribunal administratif. Une source proche du dossier estime toutefois peu probable que la justice trouve légale une telle obligation dans un appel d’offre, ce qui conforterait le syndicat dans son appel à la grève. “Et tant pis si on n’est pas payé pendant un mois, on le lâchera pas sur ce point” prévient Siaka Djoumoi Anli.
D’autre part, le conseil départemental ne dispose pas encore d’un cadre juridique clair permettant aux cars d’emporter les élèves lundi. En effet, le marché en vigueur pour l’année 2019-2020 a expiré en juillet, et aucun autre marché n’a depuis été signé. Du côté du Département, la précipitation a été exclue, par crainte -légitime- d’une plainte de l’opposition en atteinte à l’égalité des marchés publics, qui coûterait cher à son président.
Mais la conséquence, c’est une situation administrativement bloquée. Le Département a désormais trois jours pour signer une “convention de gestion provisoire”, qui lui donne un cadre juridique pour faire travailler les transporteurs de l’île. Sans ce document, il n’y aurait, par exemple, pas d’assurance en cas d’accident prévient Siaka Djoumoi. Or, “pour l’instant, il n’y a rien” glisse une source au Département. A l’inverse, la première vice-présidente du Conseil Départemental Fatima Souffou se dit “confiante” sur ce point.
A ce mic-mac administratif vient se greffer une autre inquiétude, que l’actualité des derniers jours n’a pas permis d’oublier : les caillassages. Les chauffeurs qui reprendront le travail lundi le feront avec l’angoisse de la vitre brisée, et pour l’heure selon Force Ouvrière, les mesures de protection annoncées à plusieurs reprises depuis 2018 en sont restées à l’effet d’annonce.
Autant dire qu’entre la crainte de la perte d’emploi ou de salaire, et celle de se faire agresser au volant de son véhicule, les transporteurs appréhendent cette rentrée avec scepticisme, voire avec défiance. Et ces derniers n’ont pas oublié que c’est leur colère qui, au début de l’année 2018, avait essaimé jusqu’à la paralysie totale de l’île pendant 7 semaines.
Y.D.
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