Comme en métropole, les programmes de rénovation urbaine doivent partir de l’existant à Mayotte. Mais ici plus on monte dans les hauteurs des quartiers des communes, plus la situation se complexifie, avec un tissage de fils électriques aériens en forme de toile d’araignée tandis qu’au sol, le sentier devient de plus en plus étroit, sous un amoncellement de déchets. Des odeurs d’excréments s’y mêlent, l’insalubrité y est à son comble. Ça et là, des fils électriques parviennent à se faufiler dans des cases en tôles, des détournements du réseau d’électrification qui s’est arrêté au pied de la colline de Bandrajou Bazama, faute d’avoir pu s’envoler à temps vers les hauteurs, les constructions illégales l’ont gagné de vitesse. « Maintenant, comment faire en sorte que ces habitants soient raccordés ? Car là, ils utilisent le système D, mais qui sera responsable s’il y a un incendie ? », interroge Magoma Hamidani, 2ème adjoint au maire de Mamoudzou, Chargé de projets structurants.
Son interlocuteur n’est autre que le directeur général d’Electricité de Mayotte (EDM), Claude Hartmann, venu avec tout son staff. Face à la colline bariolée de lignes droites des fils électriques anarchique, Claude Hartmann s’exprime sur une situation complexe : « Théoriquement, l’électrification suit le développement d’un territoire. Sur les voiries en dur, on va pouvoir s’organiser pour étendre le réseau, mais sur les minuscules chemins de terre, ça va être compliqué. Aucune intervention n’est possible faute d’accès ».
La situation n’est pas prévue de rester en l’état, justement grâce au programme de rénovation urbaine mais dont on peine à voir le démarrage. Le manque de coordination entre les opérateurs est notamment en cause : « Nous avons déjà consulté tous les concessionnaires, électricité, télécommunication, eau, il faut qu’ils se mettent d’accord », rapporte Stéphanie Boudard, directrice du développement urbain à la mairie. C’était l’objectif de la rencontre de ce lundi matin : « Il ne faut pas que plusieurs opérateurs se succèdent pour faire passer son propre réseau, en cassant la route à chaque fois. Il faut faire passer notre réseau tous en même temps, et ça optimisera les coût », analyse Hugues Martinez, Chef de Pôle réseau chez EDM. Sans compter les casses sur le réseau d’eau potable qui provoquent des coupures chez les particuliers.
Depuis le 1er janvier, EDM règne sur l’électricité à Mamoudzou
Une évolution va faciliter les choses : « Avant, EDM et le conseil départemental se partageaient la gestion du réseau électrique sur Mamoudzou, selon que la zone était urbaine ou rurale. Depuis le 1er janvier, EDM a récupéré l’ensemble de la zone du Grand Mamoudzou et de Petite Terre. Et va pouvoir se pencher sur les interventions en amont, et non plus seulement quand il y a des problèmes, nous avons recruté pour cela. Nous espérons d’ailleurs multiplier cette extension sur les autres municipalités », explique Echat Magoma, Directrice des relations territoriales chez EDM. Car comme le dit Claude Hartmann, « nous n’avons pas de problèmes d’euros, mais d’acteurs capables de mener à bien les projets de développement. »
Il va donc falloir passer par une opération de destruction des cases, et de relogement, sur des terrains qui appartiennent pour partie à Cananga. Que Gamil Kakal son directeur général serait prêt à céder à la mairie, « les négociations sont en cours », nous rapporte Magoma Hamidani. Qui nous résume les étapes à suivre pour faire un jour de ce quartier une zone urbaine au sens commun : « La mairie de Mamoudzou doit acquérir le foncier, puis les programmes de Résorption de l’Habitat Insalubre et de rénovation urbaine doivent se mettre en place avec la fin des études de maitrise d’œuvre, permettant alors à EDM de régulariser le raccordement des usagers permis par la construction de routes. »
Un schéma qu’il faut accompagner d’une communication auprès de la population, et encadrer strictement pas la police municipale, « car à peine on construit une route que des habitations illégales fleurissent à son extrémité, empêchant un développement structuré de la zone » fait remarquer Moussa Mroudjaé, Chef de Pôle clientèle chez EDM.
Pour les zones inaccessibles en raison de fortes pentes, une réflexion sur l’utilisation de kits solaires est également menée.
Anne Perzo-Lafond
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