“Continuons notre combat en n’allant pas en cours demain. Pour notre sécurité.” Le message, sur le visuel désormais bien connu de la femme qui pleure Mayotte, fait le tour des téléphones des élèves du lycée Bamana au soir d’une journée de mobilisation massive. La manifestation qu’ils ont menée ce lundi matin, cheminant du rectorat à la place de la République en passant par le conseil départemental ou encore l’hôtel de ville et l’occupation de la rue du lycée qui s’en est suivie ne serait donc que le début du mouvement lycéen.
Il faut dire que dans les rangs du cortège, comme devant l’établissement, la colère est palpable cinq jours après le meurtre de Momix, un camarade pour certains, un “frère” pour d’autres. “Il avait constamment peur d’être tout seul, il s’était déjà fait agresser plusieurs fois juste parce qu’il venait d’un certain quartier. Il l’a dit plusieurs fois et personne n’a réagit. Et maintenant il s’est fait assassiner, c’est insupportable. C’est pour ça qu’on est là aujourd’hui : pour dire que ça suffit de laisser faire tout cela”, livre ainsi Faïna Mohamed, une élève de terminale et amie du défunt. Une opinion à relativiser tant qu’on ne connaît pas le contexte et les possibles oppositions de bandes.
“On n’en peut plus d’aller au lycée la peur au ventre, on ne peut jamais se concentrer sur nos études. J’aimerais dire que je suis inquiète pour mon avenir, mais en fait je suis inquiète tous les jours car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer en allant ou en sortant du lycée. Ce n’est plus supportable”, poursuit la jeune femme, déterminée à “faire tout ce qu’il faudra pour que cela cesse”.
“On ne veut plus payer le prix du sang”
Mais justement, que faire ? “Je ne sais pas, c’est allé beaucoup trop loin. Maintenant on est dans Call of Duty [un jeu vidéo de guerre], c’est ou tu tues, ou tu te fais tuer”, lance un groupe de lycéens devant les grilles de leur établissement. “C’est avant qu’il fallait faire
quelque chose, qu’il fallait organiser des évènements qui rassemblent un peu les jeunes des différents quartiers. C’est quand l’un d’eux, comme notre frère qui s’est fait assassiner, disait qu’il avait peur, qu’il était sans cesse menacé, qu’il fallait réagir. Maintenant c’est trop tard”, assurent ces lycéens pour qui la vengeance semble inéluctable.
Alors, à quoi bon marcher contre les violences ? “Parce qu’il faut maintenant que tout le monde prenne bien conscience de ce qu’il se passe, se rende compte qu’on n’a pas le droit en France de laisser des lycéens dans cette horreur. Il faut qu’on nous entende. C’est peut-être trop tard pour nous, trop tard pour notre ami, mais il faut que les choses changent. S’il faut sacrifier une partie de nos études pour ça, on le fera, mais on ne veut plus payer le prix du sang”, rétorque le même groupe.
Il s’agit de l’opinion des lycéens, le proviseur lui, explique avoir réglé les problèmes lorsqu’ils se présentaient.
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