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mardi 7 mai 2024
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Délinquance, collations et parentalité : quand les élèves ont la main… pour le meilleur

Deux élèves du Conseils Académique de Vie Lycéenne ont reçu l’oreille attentive du ministre de l’Education nationale. Le temps de lui faire remonter les nombreux sujets qui font école au sein des établissements de l’île. Ils étaient débattu ce mercredi soir au lycée des Lumières.

« Nahed Issilamou a souligné des problématiques graves à Mayotte, avec deux lycéens parmi les victimes de violences. C’est l’occasion de prendre conscience des enjeux sécuritaire de ce territoire. La sécurité est la première des libertés ». C’est Jean-Michel Blanquer qui s’exprime ainsi, rapportant les propos d’un des élèves membre du Conseil National de la Vie Lycéenne (CNVL), le mahorais Nahed Issilamou, qui avec sa comparse Sarah Adam, ont été désignés par leurs pairs lycéens de Mayotte. « Je suis soulagé d’avoir pu transmettre tout ça au ministre », lâche l’élève. Car les sujets à porter sont nombreux.

Ils sont listés et débattus en Conseil Académique de la Vie Lycéenne (CAVL), donc à Mayotte, qui se tient trois fois par an. Deux élèves sont désignés par chacun des 11 lycées de l’académie de Mayotte pour porter les problématiques qui leur sont remontés par leurs camarades. Et un de ces trois conseils académiques se tenait ce mercredi soir au lycée des Lumières à Kawéni.

Parmi tous les thèmes au programme, trois faisaient particulièrement débat : l’implication des parents, les collations et les caméras de surveillance. Sur le premier sujet, oubliez les standards, ce sont les jeunes qui font la morale aux aînés ! « Quand nous organisons des évènements pour les parents, ils ne viennent pas. C’est inacceptable qu’ils ne se soucient pas de l’éducation de leurs enfants. Quand nous étions petits, tout le monde amenait son fils ou sa fille à l’école en primaire. Là, plus du tout, et alors qu’il y a de l’insécurité ! » Un vrai vivier pour la Fédération de parents d’élèves… et pour le maire de Mamoudzou.

Échanges avec les lycéens du CAVL pour Gilles Halbout

« Rafraichir la mémoire des parents »

Et puisqu’ils sont là pour donner des solutions, elles pleuvent : « Commencer pas contrôler que les élèves ne donnent pas un faux numéro de leurs parents à l’école par peur qu’ils soient appelés. Ensuite, il faudrait donner un justificatif aux parents qui sont conviés à un évènement, ou leur proposer que quelqu’un les représente, car certains travaillent. Aussi, les informer qu’il y aura un traducteur sur place. » Enfin une petite dernière, « il faudrait leur rafraichir la mémoire sur leur rôle parental ». Pas besoin d’Assises ou d’observatoire, il suffit de noter pour faire. Et le recteur Gilles Halbout aura noirci beaucoup de feuilles.

Les repas à l’école, un sujet quasiment universel. Sauf qu’ici il y a peu de « cantoches », dont on ne peut donc critiquer les petits pois ou les épinards, mais plutôt les maigres collations. « Nous n’avons qu’un bout de pain et un jus, donc nous sommes obligés de sortir pour acheter à manger. Dans certains lycées, les parents paient 130 euros par trimestre, et ça fonctionne », rapporte Rasmina Houmadi-Oili, en Première au lycée de Chirongui. Son voisin regrette que les mamans aient été chassées de l’aire du lycée de Dzoumogne. Leur réserver un endroit sécurisé pour cuisiner est une des pistes, de même que la construction de cafétérias à Younoussa Bamana, « pour les deux lycées de Chirongui et de Dzoumogne, ils vont être reconstruits, avec des cantines, mais en attendant, on ne peut pas vous laisser sans solution », rapporte Gilles Halbout.

En matière de délinquance, la solution des caméras de surveillance a aussi fait débat, « moi je trouve que c’est une atteinte à la vie privée quand elles sont à l’intérieur de l’établissement », analyse une élève, quand pour un autre « c’est la garantie de plus de sécurité ». Les jeunes demandent davantage de lieux où se retrouver sans crainte, avec parfois un débat qui sort du cadre scolaire, « la MJC de Miréréni est fermée depuis un ou deux ans et quand on va à Combani, on se fait caillasser. A chaque élection, on nous promet un terrain de basket, ça ne vient pas ! » Une lettre de cadrage est demandée pour des espaces de jeux et d’échanges au sein des établissements. L’idée d’intégrer des membres du CAVL au sein des commissions de constructions scolaires fait son chemin.

« C’est pas une balance, mais un héros ! »

Rasmina Houmadi-Oili pour inciter les jeunes à informer les élèves pairs

Ces jeunes, mi-élèves, mi-citoyens impliqués, se sont penchés sur le dispositif qui collent à leur image et à l’actu, celui des élèves pairs. Véritables relais entre élèves et adultes encadrants, ils bénéficient d’une formation. « Nous ne sommes pas des mini policiers, ce qu’on demande aux autres élèves, c’est de signaler tout problème qui pourrait dégénérer. Lorsqu’un élève a été attaqué à Kahani, un élève pair a envoyé un message sur le Whatsapp commun avec la police, qui a pu intervenir à temps. Celui qui a fait ça, c’est pas une balance, mais un héros ! Car si ça dégénère, le lycée ferme, on rate des cours et on prend du retard sur la métropole. On vient à l’école pour étudier, pas pour avoir la tête ailleurs. » Elle l’a bien sur les épaules, Rasmina Houmadi-Oili. Un Terminale abonde, « à Labattoir l’année dernière, j’ai su que des jeunes de Labattoir voulaient se rendre à Pamandzi, j’en ai informé le CPE, et les gendarmes ont pu être sur place avant. On n’est pas des mytho ! »

Une vidéo « Stop à la violence » a été initiée, elle sera montée avec les élèves de la section cinéma du lycée des Lumières. Et les deux élèves du CNVL la feront remonter au national. C’est là qu’ils échangent avec les autres lycéens, « ils n’en revenaient pas de ce qu’on vivait », glisse Sarah Adam.

Un Conseil académique de la vie lycéenne qui est encore tout jeune, comme nous l’explique Chloé Offret-Mélot, Déléguée académique à la Vie Lycéenne : « Cette mise en réseau des élèves a été rendue possible par le passage en rectorat, nous nous sommes alignés sur la métropole. Les élèves ont le sentiment d’avoir évolué, notamment sur un des premiers débats sur la violence. Les filles estiment que cela se produit parce que la place laissée aux garçons est trop importante sur l’île, elles veulent reprendre de cet espace. »

Des améliorations que les élèves sont impatients de voir germer, « j’aurai quitté la Terminale quand tout ça se mettra en place ! », se lamente l’une d’elle. « Ce sera pour vos enfants plus tard, mais d’abord, poursuivez vos études », encourage Gilles Halbout. « Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas pressée ! », lui rétorque-t-elle. De nombreuses graines de leader au sein de ce CAVL.

Anne Perzo-Lafond

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