En 2012, l’excitation régnait, le territoire venait de passer en haut débit. Une mini révolution qui allait inciter une poignée de jeunes cadres dynamiques, dont Feyçoil Mouhoussoune, à se regrouper pour organiser le développement des TIC (Technologies de l’Information et de la Télécommunication), en créant le Groupement des entreprises Mahoraises spécialisées dans ce secteur, le GEMTIC.
Ils ont essuyé les plâtres notamment en faisant de « l’évangélisation », un terme imagé utilisé par Alain Turiana, Consultant spécialiste du management des clusters en mission à Mayotte : « Il fallait créer le marché et voir se développer des entreprises numériques avant de passer à une autre dimension. »
Pour Feyçoil Mouhoussoune, l’évolution en cluster est mue par une nécessité : « Le conseil départemental, la préfecture, l’AFD, le rectorat, nous ont demandé d’être plus visibles, plus représentatifs, et de nous transformer pour pouvoir être mieux accompagnés. Il existe des fonds dédiés à l’accompagnement des clusters et de l’innovation. »
C’est donc fort d’un peu plus d’une trentaine de structures, présentes dans la salle de conférence de l’hôtel consulaire pour l’Assemblée générale, que le groupement s’est baptisé Mayotte In Tech, ce vendredi 10 décembre. La naissance d’une nouvelle ère avec ce multi-partenariat.
Il s’agit de fédérer les entreprises et les associations de la filière numérique, les collectivités territoriales, dont peu sont encore présentes, en dehors des mairies de Bandraboua et de Mtsamboro, les acteurs de la formation, de l’enseignement et de la recherche, les financeurs non publics, etc.
Fièvre d’innovation au sein du cluster
Mayotte In Tech était attendu, puisqu’à peine créé, les demandes fusaient. De la part du Centre universitaire notamment qui attend un partenariat pour monter le Démonstrateur numérique X-MEM, dont il a été le lauréat, « il faut monter en 3 ans un outil adapté aux étudiants peu équipés en numérique, qui possèdent un portable, et adapter la pédagogie à ces médias ». Le projet est financé à hauteur de 2 millions d’euros par le gouvernement. Il n’y a plus qu’à…
Même démarche pour un enseignant qui a lancé « C’génial », pour mettre en relation professionnels du numérique et étudiants, « il va falloir créer un mode de communication pour faciliter les échanges au sein du cluster, de type lettre de diffusion », soulevait-il
On avait un peu oublié les chiffres, que rappelle le directeur du CARIF-OREF, Youssouf Moussa : « L’enquête menée lors du confinement fait apparaitre que 84% des actions de formation continue ont été arrêtées ici. Nous avons été le territoire le plus impacté alors que nous sommes le plus en difficulté ». D’où la nécessité de proposer des alternatives, « nous travaillons à la digitalisation de l’offre de formation. Notamment, par la Cité des métiers, avec l’implantation d’une plateforme digitale dans chaque commune, et à proximité des établissements scolaires. » Il y a actuellement 11, un financement Etat-conseil départemental. « Nous avons également installé 5 Maisons numériques ».
Mais avant même de s’atteler à ces défis, d’autres ont été identifiés, et ont motivé l’évolution en cluster, rapporte Feyçoil Mouhoussoune : « Les Assises du numérique ont fait émerger une quarantaine de projets, il faut les réaliser. »
Des défis qui vont impliquer des recrutements, annonce-t-il, pour pouvoir épauler la seule salarié du groupement qui ne savait plus où donner de la tête. Prometteur.
Anne Perzo-Lafond
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