Les compagnies aériennes des pays voisins sont suspendues aux déclarations des autorités malgaches. C’est donc avec un demi-sourire aux lèvres que leurs dirigeants ont accueilli l’annonce du conseil des ministres de la Grande Ile la semaine dernière, de l’ouverture du ciel, fermé depuis maintenant 2 ans. Mais compagnies échaudées craignent l’eau glacée, difficile de bichonner les appareils sans date d’ouverture.
D’autant que le gouvernement malgache semble jouer la montre. Après deux ans de fermeture, et une timide fenêtre des vols actuels, uniquement à partir de la capitale Tananarive vers Paris et vers La Réunion, on cherche les raisons. Le Covid ne semble plus freiner grand monde, et, en dehors des asiatiques, les frontières tombent unes à unes. En tout cas, ce n’est pas la raison invoquée. Toujours en attente de l’accord des autorité malgaches pour desservir Tamatave (côte Est), la compagnie Air Austral a annoncé l’annulation des vols. Elle desservait il y a deux ans, Tananarive, Tamatave, Nosy Be, Tuléar, Fort Dauphin, Diego Suarez. Elle n’a plus que deux vols de 132 passagers par semaine. Ewa Air attend aussi de son côté de reprendre ses dessertes de Majunga, Diego et Nosy Be. Le ministre des Transports a rétorqué en parlant des prix élevés pratiqués par une compagnie en difficulté.
Des portiques anti-concurrence
C’est que les autorités malgaches ont des soucis de trafic douanier, c’est du moins ce qu’elles invoquent, parlant de se doter de portiques pour améliorer la sécurité et la sureté pour notamment « lutter contre les trafics illicites », dans ses aéroports régionaux. Contrairement à Tananarive, la fouille y est encore manuelle. Il faut donc commander des équipements dont personne ne semble avoir de nouvelles pour l’instant.
Seules deux grandes lignes Tana-Réunion, opérée par Air Austral et Tana-Paris, par Air France, sont donc ouvertes. Mais on apprend que de son côté, la compagnie Madagascar Airways, Phoenix né des cendres d’Air Madagascar, dessert la ligne Tananarive-Paris au moyen d’un gros porteur en location, et les liaisons régionales avec un Embraer loué au Brésil, qu’elle compte bien rentabiliser. On comprend mieux les réticences du gouvernement malgache à ouvrir le ciel à la concurrence.
Qui déroule sa liste de préconisations aux autres compagnies aériennes, tantôt interdisant les ordinateurs portables en cabine, tantôt les valises à roulettes, tantôt imposant comme condition sine qua non des portiques de sécurité. Un peu comme on joue à la roulette. Pas russe, heureusement. Seulement le temps de la Foire Internationale du tourisme (FIM) qui s’est tenue jusqu’au 2 avril ?
L’étau semble se desserrer, au moins pour les liaisons cargo, puisque ce samedi, la compagnie Ewa Air a reçu l’autorisation de transporter du fret, « nous pourrons effectuer les 3 vols cargo demandés et faire venir des légumes depuis Madagascar, une demande d’un importateur de Mayotte ». Un distributeur qui souhaite remplir ces rayons en ce début de Ramadan.
En espérant que bientôt, ce soit des grosses légumes et le grand public qui puissent de nouveau fouler le sol malgache.
Anne Perzo-Lafond
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