L’opération a très peu fuité sur le port. Nous venons de l’apprendre, une perquisition a été menée mardi soir et ce mercredi à la société Mayotte Channel Gateway (MCG). Des logiciels et des ordinateurs auraient été saisis par les gendarmes sur place à Longoni, dans le cadre d’une enquête menée par le parquet national financier.
La présidente de MCG a été interpellée et placée en garde à vue dès mardi soir, une garde à vue prolongée ce mercredi matin selon nos informations.
Les chefs d’accusation sont : fraude fiscale aggravée et blanchiment de fraude fiscale,
Plusieurs affaires judiciaires sont en cours, dont nous nous sommes fait régulièrement l’écho. Ce serait long de remonter le temps, mais rappelons qu’au lendemain de l’obtention de la Délégation de Service public (DSP) de gestion du port de Longoni, Ida Nel modifiait le code APE de son activité, pour pouvoir cumuler à la fois la gestion du port et la manutention, ce qui est interdit par la loi. Bien que des procès aient été intentés par le manutentionnaire historique, la SMART, qu’elle tentait d’empêcher d’exercer en ne lui fournissant pas d’autorisation d’occupation temporaire nécessaire pour exercer, les jugements lui étaient plutôt favorables.
Le conseil départemental, propriétaire de port, essayaient depuis de reprendre la main, mais rien n’y faisait, pas même les injonctions de respecter les cahiers des charges de la DSP. L’ancien directeur du port, et député Ibrahim Aboubacar s’était même fendu d’une tribune accusant Ida Nel « d’abus de pouvoir condamnable ».
Des tours de passe-passe permanents
Récemment désigné à la tête du Conseil portuaire, Mansour Kamardine avait déploré que les grues, pourtant défiscalisées, donc avec l’argent public, soient privatisées, et avait convié la presse pour le constater.
Autre front, la présidente était attaquée en justice par ses salariés qui lui demandaient leur dû, le jugement était tombé, Ida Nel leur devait 600.000 euros et a été condamnée à les payer sans attendre l’appel.
Le gros dossier, c’est celui des tarifs, excessifs, et décidé unilatéralement comme les investissements surdimensionnés, et donc à amortir lourdement, pour lesquels la présidente de MCG s’est passée de demander l’avis du conseil départemental. Les tarifs portuaires avaient été retoqués par la justice à plusieurs reprises. Un énième était même sorti du chapeau, sur lequel les acteurs portuaires, s’appuyant sur l’analyse d’une graphologue, faisaient peser le soupçon de faux et usage de faux.
Selon un rapport de l’expert de la Cour administrative d’appel de Bordeaux, Denis Moranne, la présidente de MCG aurait bénéficié de crédit d’impôt de 4 millions d’euros, grâce à la défiscalisation sur 2 grues et 4 portiques, en activant les mesures de la loi Girardin Industriel, mais aussi un agrément de Bercy, et le dispositif de la « loi Macron ».
D’autre part, Ida Nel avait créé une société à Maurice vers laquelle auraient été envoyée une partie des bénéfices.
Est ce ces investissements qui auront motivé l’accusation de fraude fiscale aggravée du parquet national financier ? En tout cas, chez les professionnels du port, c’est une accumulation tendant à l’indigestion…
Le PNF devait statuer ce mercredi sur la suspension ou la prolongation de garde à vue.
Anne Perzo-Lafond
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