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mercredi 24 avril 2024
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Un procès fictif pour initier les jeunes au monde de la Justice et vulgariser son fonctionnement

C’est une audience un peu particulière qui s’est tenu ce jeudi matin à la Chambre d’appel de Kawéni. Deux prévenus étaient jugés pour des faits de vols dans un Douka Bé, à ceci près que l’entièreté du procès était une mise en scène jouée par des élèves de troisième d’une classe du collège de Majicavo.

« Imaginez ce qu’il se serait passé si les lames de rasoir avaient été volées ce jour-là par le prévenu. Quant à madame, elle a déjà été condamnée quatre fois pour des faits de vols semblables. Je demande 8 mois d’emprisonnement pour le prévenu et 2 ans pour madame avec mandat de dépôt », déclare, dans un réquisitoire enflammé, la procureure générale.

Une atmosphère solennelle règne dans la salle d’audience

Un réquisitoire enflammé

L’avocate de la prévenue tempère lors de sa plaidoirie, « c’est une mère comme toutes les autres qui doit s’occuper de ses enfants et qui veut les voir grandir ». D’ailleurs, lors de leurs ultimes prises de paroles, le prévenu s’excuse pour le fait de vol reproché, quant à la présumée coupable, elle implore la clémence, « mon bébé de six mois allaite encore, je n’ai personne pour le garder et je ne parle pas de mes deux autres enfants. Il n’y aura personne pour s’en occuper ».

L’audience est suspendue, le tribunal se retire, le public regarde avec attention les membres de la cour se retirer. L’atmosphère est solennelle. Le silence règne en maître. Les secondes se dilatent, le temps semble suspendu aux portes de la salle d’audience… Reprise du procès, « par décision contradictoire le tribunal après en avoir délibéré, vous déclare coupable des faits qui vous sont reprochés », assène la présidente. Les peines tombent, un an d’emprisonnement avec sursis pour la prévenue, quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour son complice. « Je vous condamne chacun à payer 2000 euros à la victime au titre de son préjudice moral », poursuit la présidente, avant de conclure, « l’audience est levée ».

Un projet pédagogique pour vulgariser la justice auprès des jeunes

A ces mots, la salle d’audience de la chambre d’appel résonne des applaudissements du

Les prévenus à la barre

public. La mise en scène est remarquable, les quelques avocats présents, venus assister à cette représentation, sont épatés. La similitude avec un vrai procès est indiscernable. Ce procès fictif parachève une année de travail pour cette classe de 3e du collège de Majicavo. La fierté se lit dans les yeux de leur professeur Lesly Parison, professeure d’Histoire-Géographie ainsi que dans ceux de la juge Julie Vignard.

Un projet pédagogique porté avec dévouement. Tout y était, la succession de l’ensemble des étapes qui rythment un procès, le décorum, les robes, jusqu’au détail des gilets de gendarmerie, porté par les élèves en charge de ce rôle, « réalisé avec l’aide de leur professeur d’art plastique », précise Lesly Parison. Un travail pluridisciplinaire réalisé également avec leur professeur de français pour les répétitions. Et il en aura fallu afin que les élèves puissent s’approprier et assimiler le scénario mais aussi dompter le stress. Que ce soit devant des camarades d’autres classes ou encore devant le proviseur, tous les galops d’essai ont permis de roder méticuleusement la mise en scène. « Il y a eu des moments où on s’est fait peur, avec la préparation au brevet c’était parfois compliqué », concède Lesly Parison.

Une volonté de poursuivre cet exercice avec d’autres établissements scolaires

Un projet pédagogique qui ne laisse personne indifférent

« L’objectif était de créer du lien avec le monde de la justice, montrer que son personnel est accessible, à l’écoute », souligne Julie Vignard, avant de préciser, « le Conseil départemental d’accès au droit de Mayotte a été partie prenante de ce projet avant tout pédagogique ». Des vocations sont-elles nées ? « Trois de mes élèves veulent désormais s’engager au service de la justice », se réjouit la professeure d’Histoire-Géographie. Une initiative appréciée par Me Idriss, présent à la représentation, « il ne faut pas hésiter à aller vers les métiers du judiciaire, un tel exercice permet de donner une culture juridique, c’est important pour comprendre le fonctionnement de l’institution dans son ensemble et ses décisions ».

Au regard de la réussite de ce jour, la volonté est désormais à la pérennisation de ce projet. « L’idéal serait une classe par mois avec des établissements scolaires différents ». Une démarche louable, susceptible d’orienter plus de jeunes vers la Justice et sa compréhension.

Pierre Mouysset

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