Depuis sa création en en 2020, l’ARS Mayotte va finalement lancer son premier projet régional de santé. Un plan qui « va permettre de définir très concrètement les actions que qui seront mises en œuvre sur le territoire pour améliorer la santé et la santé publique des mahoraise pour les cinq ans à venir » explique Olivier Brahic, directeur de l’ARS. Néanmoins, ce projet entend sortir des bureaux, et miser sur la concertation publique. Olivier Brahic reprend : «ce n’est pas le DGRS qui va faire le projet régional de santé tout seul dans son bureau, c’est surtout sur la base de constats partagés à la fois avec les acteurs du monde sanitaire, avec les citoyens et ensuite avec les élus qu’on pourra construire ensemble la santé que l’on souhaite pour les mahorais et mahoraise ».
Une première étape du projet s’est déjà déroulée entre avril et juin dernier. Ainsi, un certain nombre de tables rondes, d’ateliers de travail et de réunions ont été organisés sur le territoire, incluant de nombreux professionnel de santé, du CHM aux libéraux. « Cela a donné lieu à un vaste travail qu’il convient maintenant de recouper » déclare le patron de l’Agence de santé. Mais il précise que ce « projet régional de santé n’est pas qu’une histoire de professionnels de santé ».
Ainsi dès cette semaine, de grandes concertations citoyennes sous forme de réunions publiques auront lieu sur le territoire, avec une première concertation basée sur l’offre de soins, à Mamoudzou ce samedi.
Puis, les réunions publiques se dérouleront à Dembéni le 17 septembre (accès aux soins et attractivité des professionnels de santé), à Bandraboua le 1er octobre ( perte d’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées), à Tsingoni le 15 octobre (accès aux soins et point sur les projets hospitaliers du CHM). Enfin la réunion du 22 octobre à Chirongui viendra conclure la séquence, avec un point sur les questions de santé mère/enfant.
Chaque fois, un expert identifié viendra partager son diagnostic sur la problématique traitée, en amont d’échanges ouverts avec la population, laquelle est conviée à participer. Et ce, parce que « c’est vraiment la population de Mayotte qui connait le mieux les besoins en santé ».
Une opération Big bang contre le diabète
Du 13 au 17 septembre se tiendra une vaste campagne de dépistage du diabète, maladie chronique très présente sur le territoire dont nous parlions dans nos colonnes cette semaine.
Pas moins de 14 stands seront tenus aux quatre coins de l’île, mobilisant les infirmiers libéraux, les effectifs du CHM mais aussi la réserve sanitaire, venue en renfort pour cette opération d’une ampleur inédite. A ces stands, les populations de plus de trente ans sont invités à se faire dépister, un test anonyme et gratuit qui consistera à prendre la tension artérielle et la glycémie.
Variole du singe : entre autosurveillance et vaccination
Pour l’heure, seuls deux cas non-grave de variole du singe ont été recensés sur le territoire mahorais, lesquels n’ont pas été contaminés dans le département. Rien d’alarmant donc, mais deux messages que l’ARS tient à faire passer. L’autosurveillance, d’abord : « quand on a eu des situations à risque, de la fièvre, des vésicules, il faut contacter le centre 15, et comme ça après nous on peut intervenir, donner les conduites à tenir en termes d’isolement et autres » explique Olivier Brahic. Deuxième message, la vaccination : la vaccination est ouverte au CHM, c’est anonyme et gratuit. Sur le site de l’ARS on peut retrouver le numéro, donc toutes les populations cibles sont invitées à se faire vacciner ». A ce stade, les populations cibles concernent principalement « les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, qui représentent maintenant 90% des cas. Mais après on sait bien que ça peut évoluer vers d’autres types de population par la suite », explique le directeur général de l’ARS.
Prévenir une épidémie de grippe saisonnière
Autre campagne sur le point d’être lancée : la vaccination contre la grippe saisonnière. L’ARS insiste bien sur le fait que ce ne soit pas « qu’un sujet de métropole en hiver », le virus de la grippe circulant également dans les contrées tropicales. Olivier Brahic rappelle ainsi les chiffres de l’an passé, avec une épidémie particulièrement violente à Mayotte. En 2021, la grippe causait 72 hospitalisations, dont 17 cas graves en réanimation, et un décès à déplorer. « Ces situations sont clairement évitables » : l’appel à la vaccination est là aussi préconisé, sachant qu’il faut « se faire vacciner tous les ans parce que la souche évolue ». Pour cette maladie, les populations cibles concernent les plus de 65 ans, les personnes avec des comorbidités, les femmes enceintes, et autres.
Mathieu Janvier
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