L’Association des déficients sensoriels de Mayotte (ADSM) a permis à de nombreux enfants sourds ou aveugles d’aborder la danse et la musique pendant les vacances scolaires. Quand la culture permet pleinement de s’intégrer.
«Dans mes rêves, je vois des oiseaux qui volent et des enfants qui rient. Ne vous posez plus de questions, je suis aveugle mais je vois.» Une jeune fille non-voyante partage son poème accompagnée par le rythme des percussions.
Les enfants de l’ADSM, l’association des déficients sensoriels de Mayotte ont présenté le spectacle qu’ils ont conçu pendant les vacances scolaires. Leur public, les responsables de l’Agence régionale de Santé* de l’Océan indien qui visitaient la structure ce lundi matin.
L’agence est à ce jour l’unique structure qui finance le «service enfants» de l’ADSM. Et c’est grâce au dispositif «Santé culture» que ces ateliers de vacances ont pu être organisés pour donner naissance à ce spectacle : arts plastiques, musiques et danses, autant d’activités culturelles mélangées pour donner naissance à la représentation du jour. Pour ces enfants, ces ateliers ont permis d’aborder des sensations nouvelles qui pourront ensuite être utiles au quotidien et leur permettre de s’épanouir.
La danse pour apprendre le rapport à l’autre
Charlotte Belec a guidé, par exemple, quelques jeunes dans la découverte de la danse. Danseuse contemporaine en métropole, elle a travaillé avec eux «à la frontière entre la danse et le théâtre, témoigne-t-elle. Ils ont créé des personnages qui leur ont permis de découvrir l’expression corporelle d’une personnalité et la mise en espace de sensations. C’était une façon de leur faire prendre conscience de ce que peuvent provoquer les mouvements et les comportements sur les autres.»
Chose importante pour des adolescents sourds, aborder des notions abstraites, que l’on ne peut comprendre que par le langage, parlé ou signé : être lourd ou léger, rendre solide ou liquide. «C’était aussi l’occasion de se pencher sur la manière de se présenter. Comment exprimer par le corps toute la palette de sentiments comme par exemple le fait d’être amis. C’était un moment intéressant parce que, s’il y a des codes communément admis, c’est aussi une démarche individuelle. La façon d’exprimer la colère est par exemple quelque chose de très personnel.»
Aider les jeunes déficients à prendre leur place
Le programme «Santé culture» est essentiellement prévu pour être mis en œuvre à l’hôpital mais cette opération a fait la démonstration de son utilité à l’extérieur des structures hospitalières.
«Le souhait était d’intégrer le secteur médico-social à ce dispositif, explique Agnès Ramdé, la directrice de l’ADSM. A l’hôpital, le séjour des enfants est temporaire alors que dans le médico-social, les jeunes sont là pour construire un projet de vie.»
Ces ateliers sont appelés à être renouvelés durant les prochaines vacances scolaires, pour que ces jeunes acquièrent, eux aussi, tous les codes pour s’insérer à leur juste place dans la société.
RR
*Période de réserve pré-électorale oblige, les responsables de l’ARS ne peuvent s’exprimer dans les médias comme l’ensemble de la fonction publique pour respecter la neutralité de l’Etat avant les scrutins municipaux des prochains week-ends.
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