La plus grosse commune de Mayotte cumule tous les critères, notamment au sein de son quartier de Kawéni : une présence massive de jeunes, pour la plupart au chômage, au sein du centre économique de l’île. Le rêve de tous les projets, c’est de connecter les deux, « Mamoudzou terre d’emploi » y parvient en proposant à 45 jeunes inscrits au Pôle emploi, de décrocher un emploi dans les métiers de la sécurité.
Pour cela, un partenariat s’est noué ce 5 décembre 2018 : OPCALIA met sur la table 270.000 euros de fonds collectés auprès des partenaires sociaux, c’est à dire les patrons et les salariés, pour une formation de 400h engagée par OIDF, (Organisation Ingénierie Développement Formation), sanctionnée par un Certificat de Qualification professionnelle (CQP) d’Agent de Prévention et de Sécurité (APS).
Pour Pôle emploi, et celui qui n’en est plus que pour quelque temps le directeur territorial, David Baes, l’aspect de proximité est important au sein de Kawéni où son agence s’implante au Centre Kinga, « j’en profite pour signaler que depuis le 22 octobre, les demandeurs d’emploi peuvent s’inscrire en ligne et télécharger des documents. »
« On embauche tous les jours, mais on licencie tous les jours »
Plusieurs objectifs doivent être atteints, comme l’explique Tsigoy Salimini, représentant syndical du collège des salariés à OPCALIA : « Il faut préparer les demandeurs d’emploi à intégrer les métiers en tension, mais aussi recycler les actuels détenteurs de certificat de sécurité qui peuvent les perdre face à une réglementation plus contraignante. » Un projet travaillé par les partenaires sociaux, « et avec les entreprises, car sans elles, on ne peut rien faire », complète le syndicaliste.
Ces dernières sont en grande demande d’agents de sécurité certifiés, rapporte Cédric Lelaidier, directeur d’OIDF, « depuis 3 ans que nous formons dans ce secteur, nous pouvons déclarer 100% d’embauches à l’issue, et 98% de réussite à l’examen. »
Il faut dire que pour intégrer la formation, les candidats doivent présenter des garanties. « Le plus dur, ce n’est pas d’entrer dans ce métier, mais d’y rester », témoigne Saïd Maoulida, Directeur d’exploitation d’OSR, une société de sécurité, et donc employeur potentiel des jeunes : « On embauche tous les jours, mais on licencie tous les jours ! Il suffit d’un délit mineur, et on perd son emploi. Outre l’enquête de moralité, une tenue vestimentaire correcte est demandée, ainsi que de l’assiduité ». Cédric Lelaidier précisait que tous les stagiaires avaient eu l’aval du CNAPS, le Conseil National des Autorités privées de Sécurité, qui mène l’enquête de moralité.
Socialisation et civisme au programme
Des jeunes qui expliquent aussi « avoir passé des tests et des examens », avant d’avoir été retenus. C’est le cas de Misbahou, qui faisait jusqu’à maintenant des « petits boulots en logistique », ou d’Ismaël, « inscrit à Pôle emploi, je faisais un stage de remise à niveau en français », ou encore de Boussouri, niveau Bac Pro Electronique, « je restais toute la journée à rien faire à la maison. »
La formation comporte également des modules de socialisation, de civisme et de citoyenneté à travers le sport, précise OIDF, et une deuxième phase qui concerne toujours le jeune, mais une fois qu’il a été recruté : « Dans le cas où l’entreprise le recrute en alternance, nous intégrons le jeune en Contrat professionnel de formation pour le faire monter en charge. »
Une formation complète donc, et qui pourra être reproduite, toujours dans le cadre de « Mamoudzou Terre d’emploi », nous confie Kadafi Attoumani, le directeur d’OPCALIA.
Anne Perzo-Lafond
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