CARNETS DE JUSTICE. Vols, abus de confiance, faux et usage de faux, destruction de biens, menaces de mort, banque route… le parcours de Gilles F. est un vrai scénario de cinéma, une sorte de saga populaire dans laquelle le personnage sulfureux se fait pincer à chaque écart.
Ce mercredi matin, lorsqu’il se présente à la barre du tribunal correctionnel de Mamoudzou, les gendarmes viennent de lui retirer les menottes. Gilles F. purge actuellement une peine de prison à la maison d’arrêt de Majicavo. « Usage de chèques contrefaits et escroquerie, c’est votre spécialité ! » s’exclame le président. Il venait d’égrainer l’incroyable casier judiciaire du prévenu : une douzaine de condamnations à Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Draguignan, avec de nombreuses peines de prison et tout cela en un peu moins de 25 ans.
Installé depuis deux ans à Mayotte, il a déjà pris 6 mois de prison pour abus de confiance. « La dernière fois qu’on s’est rencontré, se souvient le Président, vous aviez même essayé d’escroquer le Juge d’application des peines avec de faux documents ! » Gilles, crâne dégarni et barbe grisonnante, reste impassible.
L’avocat de la défense reconnait que son client a fait « le tour de France des tribunaux de grande instance et le tour du code pénal ». « Mais je vous mets en garde contre le nouveau chapitre de cet interminable roman que vous allez écrire, prévient-il. Ne lui faite pas endosser des responsabilités plus grandes que les siennes. Mayotte n’a pas besoin qu’on lui offre un anti-héros ! »
Cette fois-ci, Gilles F. comparait pour avoir émis quatre chèques en bois dans une boutique des Hauts-Vallons. Son achat : 1700 euros de meubles qu’il espérait régler en quatre paiements de 425 euros chacun. « J’ai eu des retards de salaires » se justifie-t-il.
La gérante de la boutique n’est pas présente. Elle est à Madagascar. Et l’homme venu la représenter n’a ni pouvoir ni mandat. A la barre, il explique que Gilles F. est venu au magasin « plusieurs fois pour dire qu’il paierait. On a eu confiance. On lui a donné une chance et on a attendu pour présenter les chèques. »
Mais ces 1700 euros, la boutique ne les encaissera jamais. La constitution de partie civile étant jugé irrecevable, notre anti-héros adepte des chèques en bois est, contre toute attente, relaxé. Et voilà un nouveau rebondissement digne de sa longue saga judiciaire !
RR
A lire : Les Carnets de justice
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