Il s’agit d’un premier conventionnement de l’opération intitulée « Kawéni Hima » (« Kawéni, réveille-toi »). En question, la vaste zone d’habitat informel et indigne de Kawéni, à proximité du poumon économique de Mayotte et de la zone scolaire. La ville a signé le 9 juin 2016 un protocole de préfiguration avec l’ANRU pour la définition et la programmation du Nouveau Projet de Renouvellement Urbain de Kawéni, « le plus grand bidonville de France », rappellera ce mardi soir Bacar Ali Boto, le 1er adjoint au maire de Mamoudzou. « Mayotte accueille de nombreuses populations venues des îles environnantes, et ce projet vise aussi l’inclusion sociale et économique des populations par des passerelles que nous souhaitons mettre en place entre territoire de vie et territoire d’emploi. »
Mais comme le soulignait le préfet Dominique Sorain, il faut commencer par « réguler en premier lieu l’extension des bidonvilles, avec des moyens de surveillance qui seront mis en place par des conventions signées avec les communes sur la lutte contre l’expansion de l’habitat illégal, avec les nouvelles prérogatives que confère la loi aux préfets ». Le représentant de l’Etat n’a pas enrobé la réalité : « La première opération ANRU de Mgombani était somme toute assez classique. Là, entre les trois opérations NPRU de Kawéni, Koungou et Petite Terre, nous sommes dans une autre dimension, nous retrouvons tout ce qui fait la réalité de Mayotte, dont la pauvreté et l’immigration. » Il se félicitait qu’Olivier Klein, président de l’ANRU soit présent, « on ne peut deviner la situation sans venir à Mayotte. »
L’ampleur de la cité scolaire
Si ce dernier doit se rendre dans le quartier ce mercredi pour visiter sa réalité, il la pressentait face à une MJC animée et pleine à craquer : « Je pense que c’est la signature qui restera la plus gravée dans ma mémoire. » Et celui qui est aussi maire de Clichy-sous-Bois assurait vouloir s’en inspirer, « pour la façon que vous avez d’associer les habitants à ce projets, pour le défi de la résorption de l’habitat insalubre et l’ampleur de la cité scolaire, je n’en ai jamais vu de si grande. » Deux représentants du quartier, dont l’association Wenka culture, venaient exposer leurs attentes en matière de chômage, d’entretien des berges des rivières, de mangrove ou des cours d’eau.
Olivier Klein en a conscience, « un projet aussi complexe ne peut voir le jour qu’avec un partenariat actif. » Si l’ANRU verse 28 millions d’euros, le financement des prés de 240 millions d’euros restant provient de la Caisse de Dépôts et Consignations, du conseil départemental, de l’Europe (8 millions d’euros), de l’Etat qui en finance une grande partie, dont le vice-rectorat 70M€. Les acteurs sont attendus au tournant sur la consommation de ces fonds.
Un projet « hors norme », « complexe », « d’envergure »… Tous les qualificatifs montrent les défis à relever, « c’est l’occasion d’expérimenter de nouveaux dispositifs que Mayotte peut ensuite apporter sur d’autres territoires de France », concluait le préfet.
Anne Perzo-Lafond