Le défenseur des droits vient de s’éteindre à Paris. Il était venu en 2012 à Mayotte montrer que malgré les difficultés, les droits de tous devaient s’y appliquer.
« On a créé un département, il faut assumer » avait dit de Mayotte Dominique Baudis, défenseur des droits, lors de son passage en novembre 2012 dans le 101ème département. Histoire de montrer qu’il n’y avait pas d’indulgence possible sur le respect des droits et des libertés et la promotion de l’égalité
Il est mort ce jeudi 10 avril d’un cancer généralisé à l’hôpital du Val de grâce à Paris à 66 ans.
En métropole, son nom est étroitement associé à la ville de Toulouse dont il fut le maire de 1983 à 2001. Diplômé de Sciences Po, Dominique Baudis avait débuté sa carrière de journaliste au Liban en 1971, où il couvre ensuite la guerre. De retour à Paris, il devient le présentateur vedette du Journal télévisé.
En janvier 2001 il est nommé à la tête du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), puis à la présidence de l’Institut du monde Arabe. Entretemps, il aura vécu un calvaire lors d’accusation de proxénétisme dont il sera finalement innocenté.
Il est nommé en 2011 par le président Sarkozy au poste de Défenseur des droits, qui recouvrait les missions du Médiateur de la République, du Défenseur des enfants, de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (HALDE) et de la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité (CNDS).
Une institution qu’il avait auto-saisie pour deux affaires touchant Mayotte : celle du jeune garçon blessé lors du mouvement social en 2011 par un tir de flash ball d’un gendarme, pour lequel il avait demandé au ministère de l’Intérieur une poursuite disciplinaire, et le décès d’un nouveau-né au Centre de Rétention Administratif (CRA).
Les mineurs isolés de leurs droits
Le défenseur des droits n’a cependant pas de pouvoir de contraintes, uniquement de pression.
Dominique Baudis avait envoyé en février 2013 deux ambassadeurs pour constater les déficiences en matière de droit des enfants à Mayotte, notamment au regard de l’article 4 de la Convention Internationale des droits de l’enfant.
Souniati Bamana est déléguée locale du défenseur des droits nommée en novembre 2012. Un travail difficile sur un territoire où se multiplient les situations d’urgence alors que le défenseur des droits est tenu à des investigations : « je suis très souvent saisi par des particuliers ou des associations sur des cas de mineurs isolés qui devraient être pris en charge par les services sociaux », explique-elle, très affectée par la nouvelle du décès. Elle recherche une ou un partenaire pour l’aider dans sa vaste tâche. Ce sont 86 réclamations sur l’administration qu’elle a enregistrées depuis 2012.
Toute personne, avec ou sans papier, peut saisir le défenseur des droits, y compris un enfant mineur. « J’en tirerai des lignes de conduite pour que l’Etat français corrige ses erreurs, et sur tout le territoire » avait-il conclu avant son départ.
Même si leur poussée est lente, les graines semées par Dominique Baudis ont germé et sont la preuve qu’un défenseur des droits est passé un jour par Mayotte.
A.P-L.
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