Quelle réponse aux violences quasiment quotidiennes qui secouent les communes de Mayotte ? Comment répondre à ces jeunes poussés par l’effet de bande qui rendent la vie impossible aux riverains et causent parfois de graves blessures ?
Pour Issa Issa Abdou, vice-président du Conseil départemental, la solution est dans la prévention, et notamment, auprès des parents. Mais le dialogue n’est pas toujours facile entre l’Etat ou le département, attachés au droit commun, et des familles désemparées. La notion d’ “enfant du juge” illustre cette rupture.
Pour faire le pont entre les familles et les autorités, il existe un intermédiaire. Ou plutôt, 19 intermédiaires, que sont les Cadis. Ces autorités religieuses, jadis chargés de rendre la justice pour les affaires de la vie courante, ont depuis intégré le conseil départemental en qualité de médiateurs. Respectés, à cheval entre le droit coutumier et le droit commun, ils “ont fait leurs preuves” en matière de prévention assure Issa Issa Abdou. C’est pourquoi ce dernier est allé à Tsingoni “signer une convention d’objectifs et de moyens avec la mairie de Tsingoni, donc mairie et municipalité, mais avec les Cadis comme acteurs principaux”.
“Cela s’inscrit dans la création du conseil cadial il y a un an jour pour jour. C’est la première convention de ce genre avec une communes, mais il y en aura d’autres puisque toutes les communes sont concernées par la violence” poursuit l’élu.
Sur la méthode, il s’agit d’en revenir à la mission première du conseil cadial. “Les missions qui sont confiées aux cadis, c’est contribuer à la paix et à la sérénité sur le territoire dans le cadre de la médiation sociale, lutter contre toute forme de délinquance et d’exclusion, c’est dans le prolongement de la prévention spécialisée. On considère que la solution c’est d’aller voir ces jeunes et leurs parents et leur rappeler le rôle de la parentalité” explique Issa Issa Abdou. “Les Cadis peuvent utilement rappeler aux parents leurs responsabilités. Les parents écoutent facilement le cadi qui pendant longtemps a été en charge de la justice cadale. Mais c’est aussi accompagner ces familles dans l’éducation de leurs enfants, avec des activités culturelles.”
“La création du conseil cadial était déjà une façon de réhabiliter les cadis, et de dire que la loi républicaine et la culture musulmane peuvent se concilier. La justice restera le droit commun, mais tout ce qui peut être rattrapé par les Cadis, c’est une bonne chose, car en ce moment, les choses sont en train de partir en sucette. On a besoin de ces gens-là” conclut-il.
Y.D.