C’est une affaire qui n’a que trop traîné. Et pourtant, renvoyée en juin dernier en raison de la grève des avocats, la voilà de nouveau reportée sine die en raison… d’une erreur de procédure. Fait insolite, les juges ne s’en sont rendus comptes qu’au moment de délibérer, après donc la tenue d’un procès qui n’aurait pas dû avoir lieu et qu’il faudra recommencer.
Il y a pourtant des victimes qui attendent réparation, depuis pas moins de 6 ans. Le 22 août 2013, un jeune homme de 21 ans condamné par la cour d’assises des mineurs pour des vols aggravés décidait de mettre le feu à son matelas. Il entendait ainsi protester contre le refus de l’administration pénitentiaire de le transférer à La Réunion comme il le demandait. Mais ce qui devait être un coup de colère a viré au drame. Dans la cellule surchargée en raison de la surpopulation carcérale, 9 codétenus sont entassés. Pour faire face à cette surpopulation, l’administration a fourni des matelas qui ne sont pas aux normes. De plus, les 9 détenus sont fumeurs, des mégots retrouvés dans la cellule atteste de leur capacité à fumer dans la cellule. De fait, l’auteur présumé de l’incendie dispose d’un briquet. Quand ce dernier allume son matelas, celui-ci dégage une fumée qui réveille ses voisins de cellule. Mais l’alarme ne semble pas fonctionner et l’alerte est donnée trop tard.
Du côté de l’administration, la situation décrite par l’instruction semble chaotique. Il n’y pas de protocole incendie prévu. Désorganisés, pas formés au risque incendie, les surveillants peinent à trouver le responsable des clés, seul à même d’ouvrir la cellule dans laquelle suffoquent les détenus. L’un d’eux y perd la vie.
Pendant ce temps, l’arrivée des pompiers traîne, elle aussi. Car il n’appartient pas à tout surveillant de composer le 18, il y a pour cela une chaîne de commandement à suivre, et là encore, le manque de formation est fatal. Au juge d’instruction, les pompiers ne peuvent que déplorer leur intervention tardive.
Autant d’éléments qui amènent les avocats à s’interroger sur la responsabilité de l’Etat dans ce drame. Ce n’était toutefois pas le procès de l’Etat, rappelait le ministère public en réclamant 2 ans ferme contre le pyromane… qui a depuis quitté la prison et disparu de la circulation.
Cinq mois après le drame, la nouvelle prison de Majicavo était inaugurée.
Y.D.