Un an après Koungou, Dembéni a enfin sa caserne de gendarmerie rien qu’à elle. Cette nouvelle “brigade autonome” a été créée pour rapprocher le service public de sécurité des habitants. Les locaux ont été inaugurés ce jeudi, dans le bâtiment qui jadis accueillait le Parc Marin. En s’installant à Iloni, non loin de l’hôtel Sakouli qui héberge des gendarmes mobiles, mais surtout à proximité des établissements scolaires, la gendarmerie se met “en cohérence avec sa zone de compétence” salue le général Philippe Leclercq, commandant de la gendarmerie de Mayotte. Pour lui, cette inauguration “signe l’enracinement de l’institution (de gendarmerie) dans le territoire français”.
Elle met aussi fin à un non-sens territorial qui perdurait depuis trop longtemps. Jusqu’aux engagements du plan de convergence, les gendarmes étaient installés à Mamoudzou à côté de la mairie. C’est de là qu’ils devaient recevoir les plaintes et envoyer leurs patrouilles de Longoni jusqu’aux portes de Bandrélé. Désormais, Koungou et Dembéni ont leur propre gendarmerie, ce qui permettra aux militaires de remplir leur mission de police de proximité du quotidien.
Quant à la gendarmerie sise à Mamoudzou, elle a encore de beaux jours devant elle, grâce à une réorganisation des services. “La brigade de Mamoudzou ne s’appellera plus brigade, confirme le général. Elle était inadaptée car elle exerçait ses compétences à Koungou au nord et à Dembéni au sud”. Les locaux accueilleront désormais la section de recherche, le groupe d’enquête de la gendarmerie, qui sont pour l’heure installés en Petite Terre dans des locaux de la préfecture. Des gendarmes mobiles resteront en revanche à Mamoudzou puisque ces unités sont compétentes sur tout le territoire de Mayotte et peuvent être amenées à intervenir en renfort de la police nationale.
Un projet attendu par la commune
Cette installation était “attendue depuis trois ans à peu près” rappelle Ambdi Hamada, maire de Dembéni. “L’urgence a fait que l’Etat succède au Parc Marin dans ce bâtiment” note-t-il. Et de faire le vœu d’un travail en commun pour mettre un terme aux actes de délinquance, notamment à proximité des établissements scolaires. “Avec la police municipale, nous allons travailler ensemble, mais aussi avec les familles. Nous allons exiger que la population travaille avec la gendarmerie pour dénoncer ceux qui font du mal aux autres”.
C’est d’ailleurs un des grands enjeux de ce rapprochement au plus près de la population. En s’implantant à Koungou et Dembéni, la gendarmerie espère nouer des liens humains et s’en trouver mieux informée. Elle espère aussi que les habitants, libérés de la longue route qui les séparait de Mamoudzou seront plus enclins à porter plainte. Ce qui, mécaniquement, devrait “faire augmenter les chiffres de la délinquance” prévoit le général Leclercq.
Les prochains gardés à vue de ces locaux rénovés pourraient bien être liés aux événements récents. “Nous progressions très vite sur la tentative d’homicide” d’un candidat aux municipales, indique le général, même s’il n’y a pas encore eu d’interpellation, cette agression serait bêtement liée aux rivalités entre bandes. “Il est passé au mauvais moment au mauvais endroit” déplore l’officier. Il n’y a pas non plus encore eu d’interpellations concernant les violences autour du lycée de Tsararano “mais j’ai la quasi certitude que ça ne tardera pas” confie également le chef des gendarmes.
La prochaine étape dans la zone sera l’installation d’un “cantonnement de gendarmes mobiles”, afin là encore d’offrir aux habitants une réponse opérationnelle la plus rapide et efficace possible.
Y.D.