« L’oisiveté est la mère de tous les vices », jugeait le philosophe Alain (première moitié du XXème siècle), en complétant, « mais aussi de toutes les vertus. » La phrase résume à elle seule le Plan de lutte contre l’Oisiveté. Un nom qui pourrait paraître un peu pompeux pour traduire la volonté des institutions d’occuper les jeunes pendant les vacances, en espérant qu’ils reprennent un chemin vertueux, en tout cas, qu’ils oublient rivalités et chombos.
De l’idée à la pratique, il y a la mairie de Koungou, avec Mounirou Ahmed Boinahery, DGA Développement humain, économique et social, qui a établi le calendrier vacances des 400 à 500 jeunes visés, et le financement Etat (DJSCS, CGET, Politique de la ville) et commune, à hauteur de 400.000 euros. Une somme qui est mieux investie là qu’en moyens répressifs, et qu’il faudra démultiplier et renforcer pour continuer à toucher un large public de jeunes oisifs sur l’ensemble du territoire.
Nous avions annoncé ce dispositif, inédit dans la forme, mais qui reprend des organisations déjà expérimentées, comme nous l’explique le Centre Communal d’Action Sociale : « Nous organisons régulièrement des tournois de foot pendant les vacances pour les jeunes, mais le Plan de Lutte contre l’Oisiveté nous a permis de toucher tous les villages, de se doter de nouvelles activités, et de le coordonner. »
Les leaders passent le BAFA citoyens
Sous nos yeux, des jeunes de CM1 de Koropa 3, jouent au foot avec des 6ème du collège de Majicavo, « après il passeront à l’activité pétanque », explique l’animatrice, histoire de prendre un peu d’ombre. De toute évidence, ce ne sont pas des durs à cuire qui s’amusent devant nos yeux, l’un d’entre eux, Fouadi, nous confiait même qu’il préférait être ici, « parce que hier, j’ai du aider ma mère à faire le ménage ! »
Il faut donc regarder ailleurs, du côté de la formation au BAFA Citoyen dispensée à Kani Keli, « ce sont les leaders de bandes qui sont partis là-bas, une trentaine, avec comme objectif de les recruter ensuite comme vacataires pendant les vacances, pour s’occuper d’autres jeunes », nous explique Mounirou Ahmed Boinahery. Un bon début quand on sait que 70% des jeunes n’ont pas de diplômes.
Pour le sous-préfet Jérôme Millet, « c’est un effort sans précédent. Nous tirerons un bilan de cette expérience, pour revoir si besoin la méthode mise en place pour contacter les jeunes qui en ont le plus besoin ou qui posent le plus de problèmes. »
Quad, hip-hop, basket, volley, formation par le Centre d’Information Jeunesse, permis bateau sont également à l’agenda vacances d’une opération ambitieuse qu’il faut pérenniser.
Anne Perzo-Lafond