Dhoirati Salim Abdallah est une figure du rugby féminin à Mayotte. Joueuse, éducatrice, arbitre, elle est sur tous les terrains dans un sport que des passionnées tentent de maintenir en vie.
La Coupe de Mayotte de rugby, organisée ce dimanche 25 mai, était quasiment le seul match de la saison pour le rugby féminin. A son grand désespoir, Dhoirati Salim ne jouait pas, elle est blessée. Une vilaine entorse à la cheville droite. Mais elle était tout de même présente, à Tsoundzou pour soutenir les rugbywomen mais aussi les jeunes du RCM qu’elle entraîne.
«Les premiers entrainements que j’ai organisés, c’était pendant un mois de ramadan. J’avais décidé de mettre en place des petites équipes pour occuper les garçons qui trainaient partout. Aujourd’hui, je m’occupe particulièrement des garçons de 12 ans du RCM.» Les jeunes de son équipe n’ont pas remporté la coupe mais leur reconnaissance pour leur éducatrice est intacte. «Moi, ce que je leur apprends, c’est le respect. Que j’entraine des filles ou des garçons, c’est pareil. Quand tu comprends les enfants et que tu poses de bonnes règles, ça marche.»
La jeune femme âgée de 24 ans est titulaire d’un CAP petite-enfance mais elle n’a pas eu le travail qu’elle souhaitait. Alors, depuis l’obtention de son diplôme, elle garde des enfants à domicile et s’est investie dans son sport.
Le coup de foudre sportif
Dhoirati joue au rugby depuis 9 ans. Un véritable coup de foudre. A peine avait-elle essayé, elle savait que ce sport était fait pour elle. Il faut dire qu’elle est un peu casse-cou et pas du genre à se plaindre des petits comme des gros bobos. Sa cheville, censée être au repos depuis le mois de décembre, ne l’empêche pas d’arpenter les abords des terrains pour répondre aux demandes des uns et des autres et hurler ses conseils et encouragements lors des matchs.
Mais l’entorse la contrarie tout de même un peu. Car non seulement elle ne peut pas jouer, mais elle n’est plus en mesure d’arbitrer. «J’ai été formée au comité de rugby de Mayotte. Il faut connaître absolument tout le règlement, mais ça n’a pas posé de problème. J’ai arbitré mes premiers matchs l’an dernier. D’abord, comme arbitre de touche, et dès le deuxième match comme arbitre de terrain pour les seniors hommes.» Là encore, être une femme n’est en rien une entrave. «Avec moi, c’est très simple. L’arbitre, c’est l’arbitre. Même quand je suis sur un match où mon club est engagé, je préviens tout de suite. Je leur dit, je ne vous connais plus. Je suis l’arbitre !»
Le rugby féminin en déclin
Le rugby féminin n’est pas au mieux de sa forme à Mayotte. Pour tout dire, les filles du rugby se sentent délaissées. «Quand on va sur le site internet du rugby à Mayotte, on en parle pas de nous», se plaint une première. «Pour les entrainements, on n’a souvent pas de lumières sur le terrain et on s’entraine dans des stades où il n’y a pas de poteaux. On ne peut pas faire de séances de tirs», rajoute une seconde.
A peine trois équipes sont à peu près organisées, «pas assez pour progresser», relèvent-elles. Souvent, les 16-18 ans sont intégrées aux équipes seniors pour rassembler assez de joueuses. «Il faudrait que chaque club ait une équipe féminine pour que les choses changent», conclut Dhoirati.
Mais les filles du rugby ont tout de même quelques motifs de fierté, comme ce match remporté 20 à 12 contre la sélection de La Réunion ou encore, ces rencontres de beach rugby où elles ont brillé, en décembre dernier.
Toutes ont pourtant envie de jouer et de continuer à s’affirmer. Dhoirati la première, qui patiente le temps que sa cheville se rétablisse.
RR
Le Journal de Mayotte
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