C’est un peu « l’Accès aux droits pour les mineurs » que l’exposition 13-18 véhicule : en se déplaçant dans les collèges et lycées, elle sensibilise les jeunes à la sécurité et aux infractions. Il suffit que le chef d’établissement en fasse la demande…
Ainsi, 6 classes de chaque niveau du collège de Kawéni 2 vont pouvoir bénéficier de cette exposition qui y reste 15 jours : « la thématique a été adaptée à chaque âge », explique Alain Pradalet, le principal du collège, « les 6ème débattront autour « des jeunes et la loi », alors que pour les 4ème, ce seront les réseaux sociaux ».
Deux animateurs du Centre Départemental d’Accès au Droit (CDAD), financé par le Conseil général, la préfecture et le ministère de la Justice, interviennent, épaulé par un partenaire spécialisé au besoin. C’était le cas ce matin pour les 3ème qui, outre le thème de la sécurité commun à tous, travaillent sur leur avenir. Le capitaine Chaharoumani Chamassi expliquait les limites de la légitime défense et donnait les clefs de la prévention, « ne téléphonez pas en pleine rue, quand vous marchez, faites le toujours du côté gauche pour voir venir les véhicules ».
Il revenait sur les deux postes de la Police nationale accessibles sans concours, cadet de la République et adjoint de sécurité, puis avec le Bac et sur concours celui de gardien de la paix puis le grade d’officier à Bac plus 3 assortis d’une formation, et enfin de Commissaire à bac plus 5.
Des panneaux aux réalités mahoraises
Des jeunes se lançaient timidement dans les questions après que le capitaine leur ai rappelé qu’un policier n’avait pas le droit de frapper un interpellé sauf en cas de légitime défense ou de pénétrer de force dans un banga, « mais il y en a un qui est entré chez ma sœur pour prendre quelque chose à manger », indiquait une jeune fille… on est presque dans le petit monde de Don Camillo…
Devant l’exposition, un jeune interpelle l’adjoint de sécurité, « ça veut dire quoi homicide ? ». Des panneaux conçus en métropole et qui mériteraient de s’adapter aux habitudes mahoraises, avec pourquoi pas des photos mettant en évidence les habituels pare-brise étoilés… en tout cas, qui pourraient servir de base à la conception d’une exposition made in Mayotte…
Des jeunes enthousiastes, « sur la légitime défense qui m’a beaucoup appris », indiquait Ahmed, alors que pour son pote qui avait déjà vu l’expo en 4ème, « c’est important de savoir ce qu’on a le droit de faire ou non ».
Le mur entre jeunesse et justice
Pour Marie-Laure Piazza, présidente du Tribunal de Grande Instance, « il est bon que la justice sorte de son rôle de sanction devant ces jeunes et apprennent aussi ses droit et ses devoirs au jeune public. Il faut casser ce mur entre la jeunesse mahoraise et l’image de la justice impénétrable ». Ce qui rejoint les reconstitutions de procès en salle d’audience avec les jeunes toujours.
La limite de cette exposition, qui aura couté plus de 8 000 euros, est de n’avoir pour l’instant touché que 4 établissements puisque les proviseurs et principaux doivent en faire la demande. Elle est pourtant le point de départ d’un dialogue qui s’instaure ensuite avec le professeur d’histoire géographie qui en assure le suivi sur ses cours, et permet aux jeunes de faire remonter des situations anormales qui ne les choquaient pas auparavant. « Une éducation à la citoyenneté », résumera Nathalie Costantini, la vice-recteur.
De ces échanges va d’ailleurs découler la mise en place d’un trinôme « justice-forces de l’ordre-chef d’établissement », actuellement en réflexion, dans chaque collège ou lycée.
Le CDAD a commandé une exposition pour les plus jeunes, 12-13 ans. Parce que selon le principe « nul n’est censé ignorer la loi »… « ce qui veut tout et rien dire », interprétait Joël Garrigues qui aurait pu lui opposer un « à l’impossible nul n’est tenu »… Le procureur saluait l’initiative qui a en tout cas le mérite de lever un pan du voile des droits et des devoirs et du rapport des jeunes avec la loi.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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