L’image n’est par forcée : le directeur avait redressé la barre du Service des Transports Maritimes lors de son arrivée en juin 2012. Si sa décision de partir date de la dernière grève, il part sous les hommages de son personnel… et reste à Mayotte.
Robert Amis se souvient de son arrivée et parle de matériel en mauvais état, « il y avait un black-out tous les jours sur les barges, on n’était jamais sûr d’en disposer le matin en arrivant ! ». Les techniciens avaient même comptabilisé 7 pannes sur le même moteur… « Lors de mon arrivée, moi et mes deux adjoints n’avons pu prendre que deux week-end en 6 mois », se souvient-il.
Aujourd’hui, 99% de la flotte est disponible contre 80% à son arrivée. Constatant l’état du service lorsqu’il prend les rênes du département, Daniel Zaïdani sait que Robert Amis est l’homme providentiel et va le chercher, « j’avais été le responsable technique du STM de 1985 à 1998 », explique-t-il.
Avant qu’il arrive, les Affaires maritimes multipliaient les dérogations pour ne pas stopper la liaison entre les deux îles de Mayotte. Mais la dernière grève a eu raison de leur patience : plus de capitaines 200 dérogatoires, « le Conseil général vient de donner son accord pour le recrutement de 5 Capitaines 500, conformes à la législation ».
21 recrutements
Quant aux navires, ils fonctionnent moyennant quelques aménagements temporaires : « le Mahore Mawa est en fin de course, mais va passer en cale pour récupérer un certificat provisoire en attendant la remise en service de la Salama I. Celle-ci sera entièrement révisée sur le plan électrique et sera livrée d’ici la fin de l’année ». Un échéancier validé par les Affaires Maritimes qui ont repoussé leur audit en novembre.
Un report lié à la confiance que ce service de l’Etat porte dans le petit nouveau qui va remplacer Robert Amis : Emmanuel Leroy, 35 ans, capitaine de 1ère classe de la Marine marchande, ingénieur d’armement qui arrive de Nouvelle Calédonie.
Ce sont 21 personnes qui seront recrutées en tout : 5 Capitaine 500, 5 mécaniciens 750 Kw et 11 agents de sécurité qui étaient déjà en Contrat à durée déterminée. « Le budget du STM est très déficitaire, mais le déficit touche aussi le personnel, certains n’ont pas pu prendre leur congés cette année ».
« Un coup au moral »
Son départ est étroitement lié à la grève des agents contre le directeur d’exploitation, désigné Audit de sécurité (ISM) il y a plus d’un an, « les Affaires maritimes avaient reproché aux navigants leur manque de professionnalisme à l’issue d’un audit, mais ces derniers l’ont fait reporter sur le directeur d’exploitation en demandant sa tête ». On se souvient de la suite, le directeur a été muté à un autre poste, mais Robert Amis ne digère pas cette mise au pilori, « j’ai pris un coup au moral ».
Il est alors démarché par la SGTM de Michel Labourdère qui effectue la liaison maritime depuis Anjouan, dans le cadre d’un agrandissement de la société. Robert Amis est resté le temps de réceptionner le navire devenu amiral de la flotte, le Georges Nahouda, et annonce son départ pour ce 1er octobre.
Daniel Zaïdani aura tout fait pour le garder, les agents lui ont préparé pour son dernier jour ce mardi, un pot surprise, « je suis couvert de cadeaux », glisse-t-il ému. Il ne quitte pas le STM sans quelques regrets, « je ne suis fâché avec personne, et mon nouveau bureau étant à 300 mètres, je reste disponible en cas de besoin ». Cet amoureux de Mayotte se fait construire une maison en Petite Terre.
Il n’est pas parti sans avoir lancé au préalable les dossiers de consultation des entreprises pour la construction de deux nouveaux amphidromes de grande capacité, « 600 passagers et 33 voitures qui devraient, si tout se passe bien être commandés mi-janvier ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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