«Leptospira mayottensis». C’est le petit nom d’une nouvelle souche de leptospirose identifiée à Mayotte par des chercheurs de l’Institut Pasteur appuyés par les équipes du CHM. La découverte vient de faire l’objet d’une publication scientifique internationale.
A chaque début de la saison des pluies, la leptospirose se rappelle à nos bons souvenirs. La population est alors souvent mise en garde contre les risques d’une maladie dont on connaît encore peu de chose. La preuve : une nouvelle espèce, typiquement mahoraise, vient d’être identifiée par des chercheurs de l’Institut Pasteur, appuyés par des équipes du centre hospitalier de Mamoudzou.
La leptospirose est une maladie bactérienne qui se transmet à l’homme par l’urine des rats mais aussi des zébus, des chiens et des chèvres. Les déjections des animaux contaminent le sol et se diluent sur de grandes surfaces avec les pluies. «Il suffit qu’une plaie aussi minuscule qu’une piqure de moustique entre en contact avec la bactérie, pour être contaminé», expliquait au JDM en juin dernier, Sabine Henry, médecin à l’Agence régionale de Santé (ARS).
Les prélèvements de Mayotte envoyés à l’Institut Pasteur
La contamination peut aussi se faire par un contact de l’eau souillée avec la bouche, le nez ou les yeux, pendant une baignade dans une rivière par exemple. Les enfants sont donc particulièrement concernés lorsqu’ils sont pieds nus ainsi que ceux qui travaillent la terre.
Les signes de la maladie apparaissent une ou deux semaines après la contamination. Il s’agit d’une fièvre élevée, des douleurs musculaires ou articulaires avec de forts maux de tête. Les symptômes de la maladie s’apparentent donc à une forte grippe souvent bénigne mais ils peuvent se révéler également beaucoup plus graves. Des atteintes du foie, des reins ou du système nerveux peuvent être constatés.
A Mayotte, chaque fois qu’un patient est susceptible d’être atteint, un prélèvement sanguin est effectué et le diagnostic sérologique est effectué au laboratoire du CHM. S’il se révèle positif, la souche de leptospirose détectée est systématiquement envoyée aux spécialistes de l’Institut Pasteur à Paris qui est le centre national de référence pour la maladie. Les scientifiques vérifient alors les souches en cause pour chaque patient et ils en ont détectée une qu’ils ne connaissaient pas.
Un diagnostic optimisé
«L’équipe a constaté qu’un groupe de Leptospires isolé sur des patients de Mayotte était considérablement divergent des autres sortes de leptospires connues», expliquent les scientifiques dans leur publication. Après recherche moléculaire et séquençage ADN, ils ont établi qu’il s’agissait bien d’une souche particulière à notre île qui méritait logiquement d’être dénommée : elle s’appelle donc «Leptospira mayottensis». Elle est désormais connue de tous les spécialistes mondiaux de la maladie depuis la publication de l’étude dans la revue scientifique International journal of systematic and evolutionary microbiology*.
Les implications de la découverte ne changent rien à l’heure actuelle quant au traitement apporté à la maladie. L’impact va en revanche se faire sentir sur le diagnostic qui pourra être plus performant.
Depuis le début de l’année 2014, 95 cas de leptospirose ont été diagnostiqués à Mayotte. Le record a été enregistré en 2011 avec 171 personnes infectées identifiées.
RR
Le Journal de Mayotte
*La publication est signée par P. Bourhy, L. Collet, S. Brisse et M. Picardeau
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