Électricité de Mayotte adopte le Tarif première nécessité pour ses clients les plus précaires. Il suffit pour en bénéficier d’avoir déclaré ses revenus en 2014, et de répondre des conditions de revenu. Tout est automatique ensuite.
Le Tarif première nécessité est appliqué en métropole et dans les autres DOM. Pour décliner le décret qui l’impose, EDM devait avoir en main la liste des ayants droit fournie par les services fiscaux, sur la base du régime d’imposition 2014.
Des deux conditions requises partout ailleurs, l’éligibilité à la Couverture de maladie universelle et un revenu de référence inférieur à 2.421 euros, Mayotte ne remplit que la deuxième, la CMU n’étant pas éligible sur le territoire.
Les barèmes sont calculés en fonction du nombre d’occupants par foyer et permettent d’obtenir des réductions conséquentes : « de 71 euros à 140 euros par an, qui correspondent respectivement à des factures de 451 euros à 1.024 euros payés chaque année », décrit Laurence Yeung, responsable du pôle clientèle de EDM. On peut donc économiser jusqu’à un quart du montant de la facture.
Plus celle-ci est élevée, moins la réduction est intéressante, « nous jugeons que les clients les plus démunis sont ceux qui ont une faible consommation », précise Yacine Chouabia, directeur général de Électricité de Mayotte. Une manière aussi d’inciter les compteurs groupés à régulariser leur situation.
Un système qui procure deux avantages à ses bénéficiaires, “la gratuité pour toute ouverture de contrat de compteur et un abattement de 80% sur les frais de déplacement”, précise Laurence Yeung.
Mayotte deux fois bénéficiaire de la solidarité nationale
Ils seraient 20.000 foyers fiscaux à être concernés par ce Tarif première nécessité, “soit la moitié de nos clients”, indique Yacine Chouabia. Un tarif qui fait appel à la solidarité nationale comme en métropole et dans les autres DOM. Mais un double effort en faveur de Mayotte, “puisque nous bénéficions déjà de l’électricité la moins chère de France, et même d’Europe si on excepte les pays comme le Kosovo ou la Serbie. Et cela grâce à la prise en charge de 70% de la facture par les abonnés métropolitains, les recettes ne couvrant que 30% de nos charges”, précise le directeur d’EDM.
Les futurs bénéficiaires de ce tarif ne le savent pas encore : ils vont recevoir un courrier les informant de leur éligibilité, “mais ils peuvent déjà regarder leur feuille d’impôt et comparer avec nos barèmes”. (voir tableau*) Un retard dans la validation de la liste n’empêche pas la rétroactivité des réductions applicables depuis le 1er janvier 2015. Les bénéficiaires seront réactualisés chaque année.
Le premier à en bénéficier est un bacoco, Saïd Ibrahim, habitant de Massikini-Kawéni, qui reçoit sa nouvelle facture déduite de 131 euros pour l’année. Il est à Mayotte depuis 2001, et vit avec sa femme de petites ventes d’épices. Il se retrouve tout sourire sous les feux des projecteurs ce jeudi matin au siège d’EDM.
“Une vraie avancée sociale à l’heure où se multiplient les tensions dans les entreprises”, se réjouit Yacine Chouabia. Une bonne nouvelle qui n’arrivait pas seule puisqu’il annonçait la réactivation du Fonds de Solidarité logement par le Conseil départemental, vraisemblablement d’ici la fin de l’année, “pour aider nos concitoyens défavorisés à faire face aux échéances liées à l’eau, l’électricité et le logement. EDM va y participer à hauteur de 20.000 euros par an.” L’engagement des autres contributeurs est également attendu.
Un directeur qui insiste sur ce nouveau mode de gouvernance auquel ont adhéré plusieurs de sa génération: “Il faut changer drastiquement et remettre l’humain au centre de nos préoccupations, parce que derrière chaque action, il y a une personne.”
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* 2 UC correspond à une personne dans le foyer et kVA à kilovoltampère
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