CARNET DE JUSTICE DU JDM. Rarement l’expression «comparution immédiate» n’aura été aussi appropriée. Les faits se sont déroulés hier soir à 20h40 et le prévenu a été condamné ce vendredi après-midi à 17h.
Hier soir, le jeune homme âgé de 23 ans était particulièrement alcoolisé. Lorsque la patrouille de gendarmes arrive sur le boulevard des amoureux, à Dzaoudzi-Labattoir, elle s’apprête à intervenir sur une bagarre entre deux jeunes gens. Mais rapidement, il apparaît aux 4 gendarmes que l’un des deux protagonistes est en état d’ivresse avancé. Ils décident de l’emmener en cellule de dégrisement… Mais le trajet ne va se passer comme prévu.
Dans le véhicule, le jeune homme «devient hystérique, très agité, incontrôlable», raconte un des gendarmes devant le tribunal. L’individu les insulte et devient violent. Il met un coup de tête à l’un d’eux puis envoie des coups des pieds dans la vitre latérale arrière du véhicule qui explose.
A la barre, le jeune homme ne se souvient de rien. Il s’est réveillé ce matin à 9 heures en garde à vue sans aucune mémoire des coups ou des insultes dont il a copieusement abreuvé les forces de l’ordre. Il ne sait plus non plus ce qu’il a bu : il se rappelle simplement que les bouteilles de vin ont tourné dans son groupe.
3 condamnations
«Quand j’ai arrêté l’école, j’ai cherché des stages mais j’ai rien trouvé», explique le gamin, originaire du quartier de la Vigie, déscolarisé depuis la 5e. Depuis, il ne fait pas grand-chose. Parfois, il aide son père à transporter de l’essence mais ne part pas pêcher avec lui.
Il a surtout déjà été condamné 3 fois. La première condamnation remonte à avril 2012 : 80 heures de travail d’intérêt général pour vol. Pour ne pas les avoir effectuées, il est parti 3 mois en prison.
Il ne s’est pas présenté au tribunal pour les deux autres affaires, il ne connaissait donc pas les deux sentences qui pesaient déjà sur lui : 6 mois de prison ferme qui remontent à février 2013 pour violence sur personnes dépositaires de la force publique (déjà) et 2 autres mois ferme pour vol, qui datent de mai 2015.
Des gendarmes défouloir
«Les gendarmes sont le défouloir des personnes énervées, alcoolisées, sous stupéfiants et ils ne répliquent pas. Ils doivent garder leurs nerfs. Mais c’est outrageant, dégradant de se faire insulter juste parce qu’on fait son travail. Ce n’est pas acceptable de recevoir un coup de tête juste parce qu’on fait son travail», dénonce le procureur Léonardo. Rappelant qu’un gendarme a été tué dans l’exercice de ses fonctions en métropole ces derniers jours, il insiste pour ne pas banaliser ces gestes de violence. Il demande 10 mois de prison dont 7 ferme.
«Des violences volontaires ? Mais le prévenu ne se souvient de rien !» s’emporte Me Idriss, l’avocat du jeune homme. «A Kawéni, le gendarmes qui passent et qui se font caillasser, ça c’est une agression contre les forces de l’ordre. Mais là, c’est juste un pétage de plomb d’un gamin alcoolisé ! Ca peut arriver que les gens pêtent les plombs… même à un conseiller départemental qui saccage un bureau parce qu’un dossier n’avance pas», ironise-t-il en référence aux événements d’hier.
Plaidant pour une peine «juste», il demande de la prison avec sursis.
Finalement, le jeune est parti pour Majicavo. Il a été condamné à 8 mois de prison dont 2 ferme et une mise à l’épreuve de 2 ans, avec obligation de formation, de soin et d’indemniser la victime. Il devra verser les 200 euros de dommages et intérêts que demandait le gendarme frappé. Quant aux réparations de la voiture, une audience ultérieure décidera si le condamné devra rembourser… La justice a été plus rapide que le garage qui n’a pas eu le temps d’envoyer le devis pour remplacer la vitre brisée.
RR
Le Journal de Mayotte
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