« Tout remettre à plat ! » cette expression, Marie-Arlette Carlotti l’a utilisée à plusieurs reprises lors de sa visite à la Maison des personnes handicapées (MPH). Elle se fait ainsi l’écho des grands manques du 101ème département dans ce domaine.
Ce ne sont plus des insuffisances, ce sont des manques. Ils étaient tout d’abord énumérés par le président du Conseil général Daniel Zaïdani dans son discours d’accueil à la ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion, après qu’il ait rappelé que le handicap « a longtemps été tabou dans la société mahoraise qui cachait ses handicapés ».
Partant du général, « il n’y a pas d’extension des mesures de droit commun à Mayotte », il allait droit au but : « il faut être handicapé à 80% ici pour percevoir une allocation, c’est 50% ailleurs », et dans les détails, « pas de Prestation de compensation du handicap, pas d’Etablissement de services d’aide par le travail (travail dans un environnement privilégié), et l’absence d’Institut médico-éducatif obligent les enfants lourdement handicapés à intégrer une Classe pour l’inclusion scolaire » (CLIS).
Ce sont ensuite les familles d’enfants handicapés membres de l’Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales (ADAPEI) qui prenaient le relai : « les jeunes handicapés de plus de 16 ans ne sont intégrés dans aucune structure. Il faut arrêter de s’abriter derrière la solidarité mahoraise : les parents travaillent et les grands-parents ne sont, eux non plus, pas pris en charge ! ».
Un déplacement impossible
Mais le handicap à Mayotte, c’est aussi un paradoxe : des enfants appareillés qui vivent dans des cases inaccessibles, même à pied en saison des pluies, pris en charge par la MPH mais pas par l’association Toioussi, spécialisée dans le handicap, par impossibilité d’accès du moindre transport. Yvette Matthieu, ambassadeur du défenseur des droits en visite à Mayotte l’année dernière l’avait constaté.
Devant cette mission qui semble relever de l’impossible, Marie-Arlette Carlotti assure vouloir relever le défi : « tout remettre à plat et agir en deux temps : décliner à Mayotte les points des Plans existants et lancer un travail de rattrapage » avant de rajouter « si ce n’est pas trop cher ! ». L’échéance : « être prêt fin 2014 ».
L’Etat œuvre déjà rappelle son entourage, « création de 44 places de 2010 à 2013 dans les établissements spécialisés à Mayotte, et 60 en prévision jusqu’en 2016 », pour un coût de 5 millions d’euros.
Le préfet Jacques Witkowski proposait d’adapter le volume restant d’emplois d’avenir pour répondre aux besoins en personnel dans ce domaine.
« Le quotidien est un enfer pour les personnes handicapées à Mayotte où les services publics et les trottoirs ne sont toujours pas adaptés » concluaient les familles.
Anne Perzo-Lafond
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