A entendre les réactions après la mort de Frédéric D’Achery à Kangani, hier mercredi soir, pas de doute: c’est un pan entier de l’Histoire de Mayotte qui vient de s’éteindre. L’homme, qui à 84 ans envisageait de rédiger ses mémoires, est probablement parti avant de coucher sur le papier beaucoup de ses souvenirs, emportant avec lui petits et grands moments de la vie politique, institutionnelle et sociale de notre département.
Ce statut de département, justement, il s’était battu pour que Mayotte l’obtienne. Il était un compagnon de route et de combat des grandes figures de Mayotte française, Younoussa Bamana qui était son ami, Zoubert Adinani, Marcel Henry, Zéna M’Déré, Zaina Méresse ou Adrien Giraud, comme le rappelle le Cosem dans un communiqué d’hommage qui souligne aussi l’engagement d’une vie «pour l’amélioration des conditions de vie des Mahoraises et des Mahorais».
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, dès hier soir, la préfecture rappelait qu’il n’a jamais cessé d’être un «fervent militant du rattachement de Mayotte à la nation française», en tant que citoyen et tout au long d’un parcours politique qui l’a amené à devenir maire de Koungou entre 1983 et 1995 puis conseiller général, également du canton de Koungou, de 1997 à 2004.
Koungou pleure son sage
Saindou Assani Bamcolo, le maire actuel de Koungou, pleure naturellement ce jeudi matin, «un sage» de sa commune. Dans la maison de D’Achery, les politiques mais aussi les simples citoyens pouvaient se rendre pour prendre des conseils ou demander un avis. La mairie envisage d’ailleurs un grand rassemblement en hommage à cette figure particulière, connue et respectée de tous.
La classe politique partage son émotion. Le sénateur Abdourahamane «Ladjo» Soilihi, le conseiller départemental Chihaboudine Ben Youssouf ou encore le député Boinali Saïd se sont rendu à son domicile pour se recueillir devant sa dépouille.
La jeune génération, qui n’a pas connu les grands combats passés, a également tenu à s’associer à ce moment, comme Daniel Zaïdani, pour qui Frédéric D’Achery était «notre bacoco, notre ami».
Ouvert et tolérant
Ces dernières années, son nom était associé à toute une série de péripéties judiciaires en particulier autour de la carrière de Koungou, un feuilleton qui l’affectait beaucoup. Mais à son avocate, Sylvie Sevin, il ne manquait jamais une occasion de se dégager de ces affaires pour partager des souvenirs.
Les circonstances de sa mort ne manqueront pas de faire polémique. Car si Frédéric D’Achery est décédé des suites d’un arrêt cardiaque hier mercredi soir, sa disparition est consécutive à une violente agression intervenue dimanche dernier chez lui, «une agression lâche» pour Ibrahim Aboubacar.
Pour Mansour Kamardine, il est «une énième victime de la violence gratuite qui frappe Mayotte, qui frappe indistinctement les jeunes dans les écoles, les adultes dans la rues, les personnes âgées dans leur maison. L’insécurité est réelle et c’est une atteinte à la liberté.» L’actuel président des Républicains successeur de l’UMP, le parti auquel Frédéric D’Achery appartenait, retient du grand homme sa fierté d’être «un Mahorais ouvert et tolérant».
Les hommages ne manqueront pas, logiquement, de continuer à s’ajouter les uns aux autres, tout au long des heures et des jours à venir.
RR
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