Si l’immigration était un des points centraux du point presse tenu par le préfet Frédéric Veau en Petite Terre, on a aussi beaucoup parlé de sécurité, autre préoccupation des habitants, et développement économique.
« Nous avons bien progressé sur les recommandations du Plan », appuiera d’ailleurs Frédéric Veau. Des renforts qui se mettent en place, le GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) et ses 30 militaires « aux spécialisations pointues », qui s’installent, les 17 gendarmes de renfort, et enfin la relève en octobre de 40 gendarmes mobiles.
Côté police, 9 fonctionnaires vont travailler en soirée et en début de nuit sur la voie publique, « à ce moment sensible de la journée. «
Le partenariat avec les forces armées ne se fait pas seulement contre l’immigration clandestine sur l’îlot Mtsamboro, comme ce fut le cas encore il y a quelques jours avec la Légion étrangère. En effet depuis juin, 25 opérations de nomadisation ont été menées en coopération avec la gendarmerie. « Dans le nord, nous avons ainsi perturbé des opération de braconnage de tortues. »
Contrôle autour de la barge
En mer les vedettes nautiques de la gendarmerie maritime ont reçu le concours d’unités de haute mer, et des avions CASA de La Réunion, « et sur le terrain, nous renforçons les contrôles au nord et au sud, et autour de la barge, nous avons mobilisés des unités spécialisé dans la lutte contre la délinquance, en particulier le GIGN sur les chemins de randonnées et sur les routes ». Ils étaient dimanche dernier en civil à la cascade de Soulou.
Une convention police-gendarmerie avec la police municipale a été signée pour effectuer des opérations coordonnées, sous l’égide du procureur de la République.
Enfin, en ce jour de rentrée scolaire, le représentant de l’Etat ne pouvait éluder les consignes de sécurité, dégringolant directement de Paris, avec des mesures nationales rappelées ce mercredi par Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education nationale. Des consignes de sécurité qui doivent endiguer toute intrusion, et qui répondent davantage à une menace terroriste en Hexagone. Mais qui sont transposables aux menaces entre bandes rivales qui touchent jusqu’aux établissements scolaires à Mayotte.
Frédéric Veau agacé
Pour avancer, Mayotte a surtout besoin de ses entreprises, et de créer de l’emploi pour sa jeunesse désœuvrée. Frédéric Veau quittait son air tranquille pour davantage de fermeté. Il assurait que la commande publique sera relancée, « nous avons repris le dialogue avec les maîtres d’ouvrage », il avait donc été rompu, « il manquait parfois des justificatifs que nous n’avions de toute façon pas demandé. »
Et montant le ton d’un dièse, « j’ai été agacé de voir que sur 20 dossiers de projets européens, nous mettions un avis défavorable sur 15 à 17 d’entre eux, avec à chaque fois une bonne raison administrative ! » Il y a donc raison d’espérer. Il ne nie pas le formalisme européen, « mais nous devons aider les porteurs de projets à aboutir. »
En juillet et août, 11 millions d’euros ont été débloqués pour la construction de 250 logements, « nous atteindrons 15 millions d’euros à la fin de l’année ». Le chantier de l’hôpital de Petite Terre (35 millions d’euros) devrait démarrer en novembre, les constructions scolaires se poursuivent (15,5 millions d’euros), ainsi que les dossiers majeurs du FEDER, Adduction d’eau, assainissement, gestion des déchets, bâtiment pédagogique du BSMA. « Soit 80 millions d’euros au total d’ici la fin de l’année. »
Diplomatie avec l’Union des Comores
Sa visite de la Chambre de commerce et d’Industrie (CCI) de Mayotte lui aura permis de conclure avec son président, que la Commission de gestion établie sous la responsabilité du préfet, prendrait fin avec les élections dans un mois et demi. « Nous avons évoqué la mise en place d’une maison des entreprises. »
La conférence s’est conclue sur sa visite à Grande Comore, avec son pair de La Réunion, pour y rencontrer le nouveau président Azali Assoumani.
Un geste fort que cette visite des représentant de l’Etat des deux départements français de la région. « En matière de diplomatie, il faut commencer par ce qui peut réussir », arrondit le préfet en réponse aux questions sur les éventuels échanges sur la pression migratoire. Et ce qui peut réussir, c’est la coopération en matière de santé, « pour faire fonctionner leurs hôpitaux », et agricole, « en travaillant sur les mises aux normes phytosanitaires pour d’éventuelles importations », un travail de préparation qui n’avait pas encore été fait.
Le préfet a donc pris ses marques locales et régionales, et se retrouve à la tête d’une équipe renouvelée pour mener à bien sa feuille de route sécuritaire.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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