L’actualisation des données de l’ARS sur les professionnels de santé qui exercent à Mayotte porte sur 3 catégories. Tout d’abord, les professions médicales. On apprend ainsi que 225 médecins travaillent dans notre département, dont 95 spécialistes (hors remplaçants). L’essentiel d’entre eux est salarié du CHM, «l’activité libérale reste faible avec seulement un médecin sur dix», note l’ARS.
Le nombre de médecins augmente donc légèrement en un an (+8%) avec 7 généralistes et 10 spécialistes supplémentaires, permettant à la densité médicale de progresser, elle aussi, doucement. Nous comptons en 2016, 61 généralistes pour 100.000 habitants, encore très loin de la métropole (143/100.000 habitants) et de La réunion (141/100.000 habitants). Mais l’an dernier nous n’étions qu’à 58.
Même progression et même retard concernant les spécialistes avec 45 professionnels pour 100.000 habitants (contre 40 l’an dernier mais 176 en métropole et 145 à La Réunion). Mayotte reste donc de ce point de vue un désert médical… un (tout petit) peu moins désertique !
Les sages-femmes sont 174 à exercer sur l’île, essentiellement au CHM. En effet, seules 6% d’entre elles sont libérales. Deux particularités: elles sont jeunes (78% ont moins de 35 ans) et elles permettent à Mayotte d’afficher une densité deux fois plus forte qu’en Métropole (328 sages-femmes pour 100.000 femmes, contre 143 dans l’Hexagone) mais la situation démographique n’est pas vraiment comparable.
Enfin, on dénombre 14 chirurgiens-dentistes dont la moitié sont libéraux… Un nombre qui reste désespérément stable depuis très longtemps. On ne compte que 7 dentistes pour 100.000 habitants contre 63 en métropole et 52 à La Réunion… La situation reste préoccupante car dans le même temps, les campagnes d’informations sur les soins dentaires se poursuivent. La population pourrait donc attendre, logiquement, un développement de l’offre qui ne vient décidément pas.
La situation des paramédicaux
Deuxième catégorie analysée, les professions paramédicales. A Mayotte, on compte au 1er janvier 2016, 947 praticiens paramédicaux (hors psychologues) exerçant sur l’île, dont 227 libéraux.
L’effectif des infirmiers représente 85% de ces paramédicaux. Ils sont 803 à Mayotte, 40 de plus que l’an dernier (7 libéraux ou mixtes de moins qu’en 2015 et 47 de plus au CHM).
Là encore, la densité à Mayotte est à des années lumières de ce que l’on constate en métropole avec 378 infirmiers pour 100.000 habitants contre 967 dans l’hexagone et 846 à La Réunion.
Les masseurs-kinésithérapeutes sont 77. Ils sont 10 de plus qu’en 2015 mais notre département fait encore face à une densité 3,5 fois moins importante qu’en métropole (36 kinés à Mayotte pour 100.000 habitants contre 123 dans l’hexagone… et 176 à La Réunion).
5 fois moins de psychologues qu’en métropole
Les psychologues sont également rangés dans cette catégorie (même s’ils n’en font pas réellement partie). On en dénombre 39 majoritairement salariés, contre 30 en 2015. Là encore, leur densité reste très faible malgré la progression: 18 pour 100.000 habitants contre 88 en métropole.
Les autres professions paramédicales connaissent des évolutions différentes. En légère augmentation pour les opticiens (10 soit +1), manipulateurs ERM (31 soit +3), diététiciens (5 soit +1), psychomotricien (4 soit +1). En revanche, le nombre d’orthophonistes diminue (8 soit -2), les autres professions sont stables.
20 pharmacies de ville
Enfin, 3e catégorie de professionnels de santé étudiée, les pharmaciens. Au 1er janvier 2016, Mayotte compte 20 officines. Le nombre de pharmaciens est de 20 libéraux et 44 salariés en ville, au CHM ou dans d’autres structures. L’effectif est jeune: la moitié des pharmaciens ont moins de 35 ans et la moyenne d’âge de la profession à Mayotte est de 39,5 ans. Au total, les pharmaciens sont 64 à Mayotte, 6 de plus qu’en 2015.
Une nouvelle fois, la densité progresse tout en restant faible: on compte 30 pharmaciens pour 100.000 habitants (113 dans l’hexagone et 84 à La Réunion) et seulement 9 en libéral pour 100.000 habitants (contre 47 en métropole et 43 à La Réunion). La situation de ce secteur libéral reflète la particularité mahoraise où l’hôpital public occupe une place bien plus importante que dans le reste de la France. L’ARS note ainsi que «les centres de référence et les dispensaires dispensent aussi des médicaments aux patients permettant de couvrir l’ensemble de l’île à l’exception de la commune de Kani-Kéli».
Le secteur libéral toujours en panne
Au regard de ces chiffres, la situation globale ne se dégrade pas mais elle reste néanmoins très préoccupante. D’un côté, nous continuons à disposer d’un secteur libéral embryonnaire (à l’exception des kinés) et qui peine à se développer voire qui régresse. De l’autre, l’hôpital occupe une place toujours plus prépondérante dans notre système de santé.
Incontestablement, Mayotte reste un désert médical et aucune politique ne parvient, à ce jour, à changer véritablement la donne. Car dans le même temps, l’activité médicale et paramédicale continue de progresser et l’augmentation du nombre de professionnels de santé n’est d’évidence pas suffisante. A Mayotte, même si cet indicateur permet d’avoir une idée de la situation, il semble illusoire d’analyser la géographie médicale au seul regard de la population officielle, compte tenu des flux de patients provenant des îles voisines.
RR
www.jdm2021.alter6.com
Comments are closed.