Jusqu’à présent, l’enfant a été le parent pauvre de la politique du conseil départemental. C’est du moins ce que pointaient du doigt les procureurs successifs, qui reprochaient, et reprochent encore, l’absence de signalement de mineurs en danger. La présidente du TGI Marie-Laure Piazza s’était même étonnée en 2014 : « Y-a-t-il un directeur de l’Aide sociale à l’Enfance à Mayotte ?! ».
Depuis, le nouvel exécutif a sollicité l’Inspection générale des Affaires sociales pour diagnostiquer les problèmes, n’a pas forcément tenu compte de tous ses avis en terme d’organigramme, mais en a tiré des pistes de travail. C’est en tout cas ce qu’expliquait Issa Issa Abdou, le 4ème vice-président du département, Chargé de l’Action sociale et de la Santé, en ouverture des ateliers du Schéma de l’enfance, devant les professionnels de la protection de l’enfance.
« Le rapport de l’IGAS nous a permis deux choses : solliciter un accompagnement de l’Etat qui s’et engagé sur un rattrapage de 42 millions d’euros et sur une compensation de 9,6M€ par an, et réorganiser nos services en deux directions, la Solidarité, et l’Enfance et Familles », expliquait l’élu. Qui rajoutait que le départ d’Alexandre Petit-Duport du poste de chargé de mission auprès de l’observatoire des mineurs isolés, devait être remplacé.
Un état des lieux plutôt désolant
Si presque tout ce que Mayotte connaît en protection de l’enfance, Protection judiciaire de la Jeunesse, MDPH, Croix Rouge, ACFAV, était réuni autour d’une table ce mercredi matin, c’est pour prendre des décisions sur la qualification du personnel de placement familial, et l’élargissement du dispositif, comme l’explique au JDM Antoissi Abdou-Lihariti, Directeur de la Protection de l’enfance.
« Nous en sommes à la 2ème génération du Schéma départemental de l’enfance, qui va courir de 2017 à 2021. Il faut donc dresser un bilan du précédent, faire un état des lieux, et choisir les orientations pour les 5 années à venir. C’est l’objet des ces ateliers, répondant aux 4 orientations. » Un état des lieux plutôt catastrophique de la situation des enfants, quelque soit leur statut, dans le département.
Le placement familial en est un, les trois autres portent sur l’importance de la prévention « qui doit être le pivot de la politique départementale de protection de l’enfance », la diversification des modes de prise en charge des enfants et l’efficacité des signalements de situations préoccupantes par des échanges améliorés entre la Cellule départementale de recueil et d’évaluation de l’information préoccupante (CRIP) et les autres partenaires.
Garantie sur l’attribution des fonds
L’atelier du jour portait donc sur un domaine en cours d’évolution : le placement familial. « Jusqu’ici, les recrutements n’étaient pas rigoureux, les compétences demandées étaient empiriques », souligne Antoissi Abdou-Lihariti. Depuis plusieurs mois, les assistantes familiales se forment, et des recrues fraîchement diplômées ont été présentées à la presse.
Comme Issa Issa Abdou nous l’avait indiqué peu après son élections, le dispositif « Tiers digne de confiance », est étudié de prés : « Jusqu’à présent c’est une décision judiciaire, mais la loi du 14 mars 2016 permet au président du département de les désigner. »
Le vice-président du CD rappelle que ces ateliers vont être regardés par l’Etat comme un gage de bonne conduite : « Le gouvernement nous a demandé notamment la mise en place de ce Schéma, mais aussi la garantie que les fonds débloqués soient bien attribués à l’enfance, préoccupation que partage le Défenseur des droits. » Selon lui, l’OPEMA (Observatoire départemental de la protection de l’Enfance », qu’avait d’ailleurs mis en place son prédécesseur Jacques-Martial Henry, pourrait être le gestionnaire de ces fonds.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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