La semaine qui s’achève était marquée par un double événement pour l’association Nariké M’sada. Ce jeudi 1er décembre, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida, elle proposait pour la 1ère fois à Mayotte, des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD). Il s’agit d’un dépistage rapide du VIH, en moins d’une minute. Sur la place de La République, l’opération était prévue de 8h à 17h, mais elle a duré quasiment une heure et demi de plus: les Mahorais sont en effet venus nombreux.
Maxime Jean, médecin infectiologue, Ismaël Barbet, Infirmier, et Philippe Caprasse, médecin infectiologue, se sont félicités tout au long de la journée du «franc succès» de cette opération réalisée grâce au partenariat et à l’implication du CHM. «Nous savions qu’il y avait un besoin de dépistage et d’informations et qu’à Mayotte le temps du dépistage classique, où il faut attendre 2 semaines pour avoir un résultat, est un frein», constate Moncef Mouhoudhoire de Narike M’sada.
Ce sont ainsi plus de 200 personnes qui ont attendu leur tour, pour ce dépistage doublé d’une recherche de glycémie… une question de santé pouvant en cacher une autre. «Nous avons eu tous les âges, j’ai même vu des mamies venir pour se faire dépister. Nous avons eu des femmes mais aussi des hommes et c’est très important». En effet, les hommes semblent se tenir à distance du dépistage alors qu’ils sont, évidemment aussi concernés par la circulation de la maladie.
Des hommes trop peu dépistés
Actuellement, à Mayotte, 247 patients sont touchés par le VIH/Sida (ils sont dans la file active) et 60% sont des femmes. Pire, cette année, les femmes comptent pour 75% des nouveaux cas diagnostiqués. Autrement dit, ils sont nombreux ceux qui vivent avec la maladie sans le savoir. «Les hommes restent le maillon faible du dispositif, alors que les femmes sont souvent dépistées à l’occasion de leur grossesse. Les hommes n’ont pas encore acquis le réflexe du dépistage», explique Moncef Mouhoudhoire.
D’où l’importance du 2e événement de la semaine pour l’association. Elle a inauguré des locaux à Cavani, à l’endroit même où elle était installée lors de sa création en 2003. Après des années de vache-maigre où elle avait dû se passer d’un lieu d’accueil, la voici à nouveau en mesure de recevoir tous ceux qui le souhaitent et qui seraient, par exemple, à la recherche d’informations.
Des élus enfin concernés
«Cette inauguration avec une opération portes-ouvertes avait un double intérêt. D’abord, ça permettait aux institutionnels -comme l’ARS- et aux élus de venir. Et nous avons pu entendre des discours engagés sur la question de la lutte contre le Sida à Mayotte», s’enthousiasme Moncef Mouhoudhoire. Ce ne fut en effet pas toujours le cas. «C’était aussi le moyen de poursuivre nos ateliers avec les scolaires pour porter une information nécessaire».
Après des années difficiles, les choses avancent en matière de politique de santé sur la maladie. La mairie de Mamoudzou et le département ont mis la main à la poche pour permettre à l’association d’avoir pignon sur rue. L’agence régionale de santé, la CSSM et la DJSCS se sont également déplacées pour l’inauguration et le CHM a mis des moyens spécifiquement sur le VIH.
Des patients suivis et épaulés
«Il y a eu un gros effort consenti par le CHM. La création d’un poste de médecin infectiologue et d’un poste d’infirmier dédié à la prise en charge médicale des patients vivant avec le VIH-Sida, permet un vrai suivi des séropositifs», se félicite Moncef Mouhoudhoire qui assure une permanence tous les lundis au CHM pour permettre aux patients d’avoir un contact avec l’association.
Des patients accompagnés et une population informée… L’association poursuit ses missions. Dans un département où plus de la moitié de la population est mineure, il est en effet important de ne jamais baisser la garde et de rappeler que la prévention, et donc le port du préservatif lors de rapports sexuels, est le seul moyen d’éviter d’être concerné par une maladie sexuellement transmissible, dont le VIH-Sida.
On en parle peu mais le Sida continue à faire des morts. Trois patients sont décédés depuis le début de l’année dans notre département.
RR
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