Le projet est aussi (peu) vieux que les murs. Dans le nouveau collège de Majicavo, depuis septembre 2015, des adultes prennent la place des collégiens tous les mercredis après-midi derrière les bureaux des salles de classes. Mais pour ces mamans et ces papas, pas de cours d’histoire ou de physique. «L’école des parents est avant tout un soutien pour les familles qui rencontrent des difficultés dans l’exercice de leur autorité parentale et un moyen pour le collège d’optimiser la question de la coéducation», explique Stéphane Marchand, le principal du collège de Majicavo.
Cette école des parents s’articule sur treize ateliers avec de très grandes ambitions. Il s’agit travailler à la fameuse «co-éducation» dont on ne cesse d’entendre parler, entre les parents et l’Education nationale. Et pour cela, les sujets aborder sont très variés: renforcer la place des parents comme premier partenaire dans tous les lieux de vie de l’enfant, promouvoir les droits de l’enfant, l’égalité des droits entre femmes et hommes (entre mères et pères) et encore impliquer les parents et leur apprendre à accompagner leurs enfants pour leur réussite scolaire.
Ces mercredis au collège leur apportent aussi une aide à la parentalité pour qu’ils comprennent le fonctionnement du collège, les statuts, fonctions, rôles et tâches de chacun. Enfin, l’école des parents est aussi l’opportunité d’acquérir personnellement des connaissances, en matière de santé, d’alimentation, d’hygiène, de soin mais aussi en lecture, écriture et calcul de base.
«Nous ciblons essentiellement les parents dont les enfants entrent en 6ème. À cet âge-là, les enfants sont plus réceptifs. Il faut prendre de l’avance sur les situations et essayer d’aider les familles», précise Stéphane Marchand.
Trop de demandes
Le projet existe depuis l’ouverture du collège il y a deux ans et le succès prend peu à peu une dimension qui dépasse les prévisions les plus optimistes. La demande de participation est plus importante chaque année. «L’année dernière, nous avons reçus 80 parents. Cette année nous avons retenu 205 parents sur les 230 demandes. Malheureusement, le collège n’a pas de places suffisantes pour tous les recevoir. C’est un constat qui confirme un réel besoin en termes d’accompagnement à l’éduction pour les parents les plus fragiles», souligne Colette Vélo, la conseillère d’éducation du collège.
Et il n’y a pas que le collège et les parents qui soient parties prenantes de cette aventure. De très nombreux acteurs se sont engagés notamment des professeurs de lettres, des sages-femmes et les membres des Ceméa qui animent plusieurs ateliers dont un sur l’aide à la lecture, à la compréhension du carnet de liaison, aux punitions constructives et un autre destiné à l’alphabétisation. L’IREPS, quant à l’elle, prend en charge l’atelier «alimentation, hygiène et soins».
Les bus citoyens
La société de transport Matis aussi est impliquée. Elle met à disposition chaque mercredi après-midi des bus gratuits permettant environ à 120 parents de se rendre aux ateliers. «Nous restons persuadés que ce projet permettra d’accompagner les parents dans l’éducation des jeunes les plus assujettis à la problématiques de la délinquance et nous aider dans notre campagne de respect», indique-t-on chez Matis, qui se présent comme une «entreprise citoyenne», désireuse avec cette action de s’investir utilement au-delà de ses missions strictes.
Pour autant, transporter ces parents, c’est aussi quand même un peu transporter des élèves. En effet, à l’issue de ce projet, les parents qui le désirent pourront passer un diplôme d’études en langue française (DELF) et ainsi montrer à leurs enfants, qu’eux aussi sont en mesure de décrocher des examens. Encore une belle initiative que l’on aimerait voir décliner dans d’autres établissements.
RR
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