Depuis un mois de grève, les tensions sont allées croissant entre la direction de Colas et le seul syndicat gréviste, la CGT Ma qui avance environ 150 salariés syndiqués au sein de l’entreprise. Les défilés perturbateurs sur la route du début, se sont peu à peu, faute de réponses du côté de la direction, mués en blocage du portail d’accès, condamné par la justice, et en détérioration de matériel et de machines la semaine dernière.
Les négociations engagées à la Direction du travail se sont mal passées, la direction exigeant en préalable un retour à la normale de ses services dégradés, notamment par des coupures d’électricité et d’internet.
La direction communique enfin
La direction de la Colas ce jeudi, a enfin décidé de communiquer auprès des médias, en adressant un communiqué, informant des avancées sociales proposées lors des négociations annuelles obligatoires, « une augmentation des salaires au-delà des accords de branche et la mise en place d’une prime de 200€, équivalant à une participation », et la proposition d’une nouvelle réunion le 12 juin dans le but de mettre en place « une couverture santé complémentaire », mais « sous réserve que les barrages devant le siège de l’entreprise soient levés et que les intimidations sur le personnel non-gréviste cessent », critiquant une minorité bloquant une majorité des 572 salariés, et appelant au calme.
C’est dans ce contexte que s’est créé, fait inédit, une Intersyndicale de non grévistes ! La CFE CGC, l’UI CFDT et FO se sont réunies le 7 juin pour « travailler ensemble à des propositions » afin de restaurer le dialogue social.
Nouveau regard syndical sur le monde de l’entreprise
Avant tout, les organisations syndicales « dénoncent et condamnent les actes de dégradation des outils de travail qui se sont multipliés ces derniers jours. Cette situation doit cesser », disent-elles dans un communiqué (Lire communiqué20170609132800-1)
Tout en soulignant un climat social dégradé sur l’île, c’est l’Etat qu’elles appellent à la rescousse. Sur plusieurs plans, « la liberté d’entreprendre et la liberté de circuler », en clair, elles appellent à faire appliquer les décisions de justice et à libérer par la force les accès, mais aussi au nom de la « paix sociale », pour que la Direction du travail ait un œil sur le bon déroulement des NAO.
La conclusion très positive montre qu’une évolution est peut-être en marche à Mayotte en matière de droit syndical, puisque les trois signataires, El-Anzize Hamidou, pour FO, Djoumoi Djmoy, CFE CGC, et Ousseni Balahache, CFDT, indiquent qu’ils veulent être force de proposition pour « concilier la performance économique de entreprises locales, et leur performance sociale », et « veulent apporter leur contribution à la bonne marche de l’entreprise tant qu’ils jugent que l’intérêt des salariés est respecté. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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