Comment faire pour attirer des médecins libéraux? C’est un des nombreux casse-têtes de notre système de santé, incapable de structurer une offre de santé privée à côté de l’omniprésent CHM. Si l’absence de prise en charge des patients étrangers par l’aide médicale d’Etat (AME) a souvent été présentée comme un blocage indépassable, la Sécu et l’ARS font le pari que c’est possible, malgré les obstacles, notamment via le contrat d’aide à l’installation des médecins (CAIM).
«Parmi les facteurs d’attractivité, les aides conventionnelles permettent un soutien financier, notamment le contrat d’aide à l’installation des médecins. L’installation en libéral représente en effet une période de fort investissement généré par le début d’activité», explique l’ARS dans un communiqué.
Cette aide apportée par le CAIM viendra faciliter l’installation des médecins qui s’engagent à Mayotte pour une période de 5 ans, à hauteur minimum de 50.000 euros.
Et les 3 premiers bénéficiaires du dispositif et qui officieront donc pendant au moins 5 ans dans leur cabinet mahorais, ont déjà signé. Il s’agit du Dr Mohamed Ahmed-Abdou installé à Labattoir, du Dr François-Xavier Mangolte qui a choisi Dzoumogné, enfin du Dr Tan-Liem Dang qui consulte à Mamoudzou dans la Maison de Santé Pluriprofessionnelle (MSP) du Lagon.
Quatre dispositifs pour les médecins
Les 3 médecins ont signé leur Contrat d’aide à l’installation avec Sandra Desmettre, la directrice générale-adjointe de l’ARS OI et Aurélie Jaulin, la sous-directrice de la CSSM. Il faut dire que les deux institutions sont à l’origine de la transposition de ce dispositif à Mayotte. Elles ont signé une convention nationale organisant les rapports entre les médecins libéraux et l’Assurance maladie, le 25 août 2016. Cette convention comprend, entre autres, 4 nouveaux dispositifs proposés aux médecins libéraux : outre l’aide à l’installation, on y trouve aussi le Contrat de transition pour les médecins (COTRAM), le Contrat de stabilisation et de coordination pour les médecins (COSCOM) et le Contrat de solidarité territoriale médecin (CSTM).
Une concertation récente avec les représentants de la profession à Mayotte a permis d’accorder les majorations maximums, notamment en termes de montants, pour ces contrats incitatifs.
Des obligations
Pour le médecin, l’aide financière forfaitaire est versée à 50% à la signature du contrat et le restant à la date du 1er anniversaire.
Mais comme l’objectif est de favoriser la présence de médecins dans les zones avec d’importantes difficultés d’accès aux soins, les obligations pour les professionnels sont aussi nombreuses. Tout d’abord, ils ont 2 ans pour commencer à exercer leur activité. Ensuite, ils sont tenus d’assurer des consultations au moins 4 jours par semaine et au moins deux jours et demi au titre de l’activité libérale.
Enfin, ils doivent prendre part à des dispositifs comme par exemple la permanence des soins ambulatoires qui permettent des prises en charges médicales sans hospitalisation.
Le désert tropical
Le pari de la médecine libérale doit absolument être relevé à Mayotte pour sortir le système à la fois du tout-hôpital mais aussi de son asphyxie face à la surcharge d’activité que connaissent certains services hospitaliers.
Actuellement, l’ARS rappelle que «Mayotte connaît une faible densité médicale, avec 20 médecins généralistes et 6 spécialistes (2 radiologues, 2 gynécologues, 1 cardiologue, 1 directeur de laboratoire), soit une densité moyenne de 11 médecins pour 100.000 habitants pour l’ensemble de l’île».
L’ensemble du département est donc considéré comme «particulièrement fragile en matière de densité médicale», et pour cause : la densité en métropole était en 2016 de 284,4 généralistes pour 100.000 habitants. La région métropolitaine avec la densité la plus faible est la région Centre avec… 232 médecins pour 100.000 habitants. Avec ce ratio-là, Mayotte devrait avoir plus de 500 médecins!
PM
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