Les salariés de l’entreprise qui abreuve l’île de Coca Cola, expliquent que le ras-le-bol couvait depuis un moment et que le licenciement de l’un a été la goutte qui a fait déborder les revendications des autres. Un départ forcé lié à une histoire de couteau brandi, « mais en fait la soit disant victime a dit qu’il n’y avait jamais eu de menace, donc on laisse la justice régler ce point », déclare Soilihi Midaïn, comptable dans l’entreprise et délégué syndical CGT Ma.
Assis à l’ombre dans un coin prés de la grille d’entrée, certains jouent aux cartes, d’autres aux dominos. Sur les 140 salariés que compte l’entreprise, tous ne sont pas grévistes, « une poignée qui est venue travailler hier », assurent-ils, tout en mentionnant que l’autre syndicat majoritaire, FO, n’a pas appelé à la grève.
Les revendications portent sur des acquis soulignent les grévistes, « notamment une hausse de 4% sur les salaires décidée en Négociations Annuelles Obligatoires, que tous n’ont pas touché ». Il serait une dizaine dans ce cas, « certains sont récemment arrivés dans l’entreprise, mais des anciens aussi ». Même problème d’iniquité avancent-ils, dans les primes.
Un forfait restreint
Véritable casse-tête dans toutes les entreprises, les heures supplémentaires ont du mal à être payées à hauteur de leur effectivité, clame Soilihi Midaïn. Lui est particulièrement visé puisque son contrat en CDI, qu’il nous fait lire, fait état d’une rémunération forfaitaire impliquant l’absence de compensation financière pour toute heure supplémentaire effectuée.
Le climat social tendu était lié aux « abus de pouvoir et harcèlement moral de la part des cadres » : Soilihi Midaïn en veut pour exemple la sanction émise par un responsable commercial sur un salarié de la production, donc pas dans son secteur, « et la surveillance minutée quand on va aux toilettes. » Nous ne sommes pas parvenu à joindre la direction de l’entreprise Mayco.
Défense des ex-Hipo
Les salariés qui ont érigé un barrage à l’entrée de la zone commerciale Vallée III de Longoni, manifestent aussi pour leurs voisins de Aqua Service Mayotte, anciennement producteur de la bière Hipo, racheté depuis 2014 par Mayco, « ils sont six mais n’ont pas les mêmes avantages que nous ».
En dehors d’une réunion avortée le 27 octobre, ils expliquent n’avoir aucun contact avec leur direction. Et démontrent haut et fort exercer leur droit de grève sans débordement, le portail d’entrée de l’entreprise n’étant pas cadenassé, et l’autre moitié de la zone commerciale étant libre d’accès, notamment le dépôt de bus scolaires Matis et les véhicules Sogama de transport de bonbonnes de gaz pour l’hôpital, « on les laisse passer ».
Un peu isolés dans leur coin de Longoni, ils se sont dégourdis les jambes mercredi en marchant sur Trévani, « et nous préparons une action pour ce vendredi », lancent-ils.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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