Quatorze médecins et infirmiers urgentistes ont suivi pendant 10 jours une formation pour la prise en charge des enfants. Un professeur spécialisé dans la simulation des situations d’urgence est venu spécialement au CHM.
L’arrivée de Brian est annoncée aux urgences. Agé de 7 ans, il vient d’être victime d’un accident de la route, la voiture de ses parents a percuté un poids lourd. Si la ceinture de sécurité l’a maintenu attaché, le garçon a dû être dégagé par les pompiers et il présente de multiples traumatismes… C’est le début d’un scénario auquel ont été confrontés un médecin et deux infirmiers urgentistes, lors de la dernière journée d’une session de formation, ce vendredi au CHM.
La victime est un mannequin en plastique «haute-fidélité» : relié à un ordinateur, il respire, on peut lui prendre le pouls, il interagit avec les équipes médicales grâce au formateur qui entre les données au fur et à mesure de l’intervention. «De cette façon, on peut mesurer la performance des équipes», explique Aiham Ghazali, médecin attaché d’enseignement l’université des Poitiers.
«Ce sont des techniques de formation inspirées de méthodes nord-américaines», précise le Professeur Denis Oriot, directeur du laboratoire de simulation de l’université de Poitiers. «Je pratique la simulation depuis 25 ans, après ma formation au Canada. Ca fait un peu moins de 10 ans que la méthode s’impose en France».
Pour les équipes, ces scénarios extrêmement réalistes sont suivis de débriefings. Les soignants autoévaluent leurs niveaux de confiance, de stress ou de satisfaction avant, pendant et après l’intervention. Les formateurs valident aussi les diagnostics réalisés et reviennent en détail sur les gestes et le rôle de chacun.
50% des urgences du CHM concernent des enfants
«Pendant cette formation, on travaille sur une technique ABCDE qui consiste à acquérir des réflexes, une sorte de procédure qui s’impose à tous et qui permet d’homogénéiser les pratiques», explique le docteur Aurélie Arribat, urgentiste au CHM, qui est à l’origine de l’organisation de cette formation, la première du genre réalisée à Mayotte.
«J’ai rencontré le professeur Oriot lors d’un congrès des urgences en métropole et il m’a expliqué qu’il se rendait régulièrement en Guyane pour former les équipes sur place», se souvient Aurélie Arribat. De Cayenne au Qatar, de la Russie à Dubaï, le savoir-faire de professeur Oriot est en effet reconnu mondialement et pour sa venue à Mayotte, il a adapté la formation aux besoins spécifiques des urgences du CHM.
«A Mayotte, 50% des urgences concernent les enfants. Or, l’effort pédagogique pour les urgentistes est surtout concentré sur des patients adultes. Au quotidien, on peut se retrouver avec des soignants qui éprouvent des difficultés», relève le professeur Oriot. Car, comme il le rappelle, «un enfant, ce n’est pas un adulte en miniature. Il y a des variations de son anatomie et son fonctionnement qu’il faut connaître pour pouvoir s’adapter.»
Souder les équipes
Les urgences pédiatriques à Mayotte concernent des traumatismes liés à des accidents ou des chutes, des brulures sévères et évidemment beaucoup de prématurés. «Nous avions besoin de réactualiser nos gestes techniques pour les prématurés par exemple, pour nous sentir plus en confiance lors des interventions. Cette formation nous apprend aussi beaucoup sur la cohésion des équipes dans lesquelles les infirmiers sont les yeux et les oreilles du médecin. Le fait que cette formation ne soit pas délocalisée permet vraiment de renforcer les liens avec ses collègues», affirme Aurélie Arribat.
Ce sont donc des équipes confortées qui achèvent cette longue session de formation théorique et pratique. Le professeur Oriot est déjà en route vers Poitiers avec ses 250 kg de matériel. Dès lundi, il ajoutera encore quelques professionnels à la longue des 5.000 personnes qu’il a déjà formées.
RR
Le Journal de Mayotte
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