En 2014, le Salon de la mode avait pris une autre dimension avec son thème de la mer, qui avait vu éclore perles rares et sirènes. En 2015, en se concentrant sur le tissage et ressage, place était donnée à la mise en valeur de l’artisanat local. Avec l’Eco création cette année, le Salon colle à la tendance du moment, « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », que certains ont davantage respecté que d’autres.
Chapeau en cordelettes, ancienne robe de grand-mère revisitée, morceaux de tissus usagés « trouvés dans une poubelles », colliers et broches à cheveux en capsules de canettes, gilet en bouchons de bouteille en plastique, coquillages de la plage brodés, un bustier d’une ancienne robe de mariée allié à une tenue de ville… les créations étaient à l’image de celle qui présidait par l’intermédiaire de son frère, la cérémonie, Sakina M’sa, qui rachète des chute de Lacroix et Dior, pour recréer des modèles haute-couture originaux. En vente avec les autres modèles ce samedi place de la République.
Professionnels et amateurs avaient mêlé leurs talents hier pour le défilé du Salon de la mode. C’est la chance pour ces amateurs passionnés de percer, et den faire éventuellement leur métier, notamment des « petits » comme les élèves de la classe de CAP couture du collège de Dembéni.
Un succès à confirmer
Une soirée festive qui a trouvé sa place dans le cœur des Mahorais, « ça fait plaisir de passer un moment comme ça le soir à Mayotte », lançait une jeune femme récemment arrivée, et dans le calendrier, « cela fait trois ans que je ne le manque pas », lançait une autre, mais qui doit maintenant monter en puissance, « en Afrique, on a l’habitude de voir davantage d’audace et de couleurs », soulignait une troisième.
Pour les organisateurs, et l’Association Lainga et Cultures de l’Océan Indien de Wardat Monjoin en tête, s’est un défi d’organiser une soirée à l’extérieur sans incidents tel qu’en ont connu la Battle of the year ou la course de pneus, et sur ce plan, ce fut une réussite. Mais, et c’est la rançon du succès, les amateurs de mode, qui ont attendu en une longue file de pouvoir entrer, en attendent plus. Des tenues encore plus créatives, un rythme plus soutenu, avec du vrai spectacle en interlude, comme l’a livré en hip-hop le crew Vague Monster de Kawéni.
La Réunion et Madagascar mènent le bal
Du côté des créations, il y a eu de belles surprises. La tunique femme de l’Anjouanais Hassane Youssouf, ainsi que son bustier froissé, les chemises hommes en shiromani de Choumi qui pourraient bien lancer une tendance locale, le tourbillon noir et fushia de Soilihi Moinarafa (2ème du concours 2014), ou Aïda qui revisite la tenue comorienne.
Les organisatrices ont besoin d’être massivement soutenu pour franchir encore une marche et prétendre à l’international comme elles l’ont affiché.
Chez les amateurs, les lauréats sont la réunionnaise Marie-Chantale Kassamaly qui décroche le premier prix pour sa robe-rideau, la mahoraise Armia Issouf pour sa tenue style armée de l’air confectionnée à partir d’une chemise-homme, et Olivia, pour sa robe en rafia.
Chez les stylistes pro, c’est Madagascar qui emporte les deux premières place, grâce « au respect scrupuleux du thème de l’Eco création » de la robe de Lalasoa Rakotoarivelo, puis ensuite, Mireille Rakotomanoelina, pour sa robe blanche striée et l’incontournable mahoraise Moinecha Hariti, pour ses tenues traditionnelles.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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