La nouvelle de l’accident s’est d’abord propagée sur les réseaux sociaux, notamment sur le groupe Facebook «Info Route Mayotte». Les internautes ont donc été les premiers à informer la population comme cet utilisateur de la page qui explique : «10h45, grave accident (mortel) à la sortie de Longoni, direction Bouyouni».
Dans un virage, le conducteur d’un porte-conteneur a dérapé. Il perd le contrôle du véhicule et s’écrase contre une voiture qui arrivait en face. Dans la voiture accidentée, six personnes étaient présentes, dont un enfant âgé d’un an. Le choc est brutal et la conductrice sérieusement blessée.
Très rapidement, l’axe routier entre Longoni et Bouyouni est quadrillé par les forces de l’ordre et les secours. La conductrice perd finalement conscience. Les secours arrivés au plus vite ne pourront rien faire pour la sauver. Fort heureusement, les passagers du véhicule ne souffrent que de blessures physiques légères. Ils sont tout de même transférés en urgence vers les hôpitaux de Dzoumognié et de Mamoudzou.
Aux environs de midi, la directrice générale des services de Koungou donne quelques précisions sur le déroulement de l’accident: «Le constat que je fais à cette heure-ci, c’est un camion porte-container qui a entravé un véhicule du type C4».
Toute une famille bouleversée
Après le décès de la conductrice du véhicule, les passagers souffrent probablement de séquelles psychologiques inimaginables. Un proche d’un membre de la famille a pu nous détailler les liens de parenté entre les différentes personnes présentes au sein du véhicule. Ainsi, on apprend que la personne installée à l’avant était la sœur de la défunte. À l’arrière du véhicule, se trouvaient ses neveux et nièces.
Le bébé d’un an également présent dans le véhicule est l’enfant de la victime. Dans une panique et un état de choc extrême, la passagère avant a donc assisté impuissante au derniers instants de la vie de sa sœur. C’est donc un drame familial qui a frappé le véhicule accidenté. Dans la tristesse du deuil, la famille de la défunte a procédé à son enterrement hier soir.
Tirer les leçons de ce drame
Chaque accident mortel est de nature à nous émouvoir. Déjà, il y a quelques semaines, un petit garçon de deux ans perdait la vie après avoir été percuté par une voiture à Passamainty alors qu’il traversait la route. Le père de l’enfant, témoin de la scène macabre, n’avait rien pu faire pour éviter le drame. L’affaire avait bouleversé tout Mayotte.
Sur l’ensemble de l’année 2016, on a dénombré 201 accidents, 228 blessés et 8 morts sur nos routes. Fin juin, pour la moitié de l’année 2017, le baromètre de l’Observatoire Départemental de la Sécurité Routière affichait, 3 personnes tuées lors d’accidents de la route. En actualisant les données, le décès du jeune enfant à Passamainty et celui de la jeune femme originaire d’Acoua porteraient le nombre de morts à 5.
Le premier accident mortel de l’année s’est déroulé le 29 janvier, un homme de 23 ans avait perdu la vie à bord de son véhicule près de Poroani. Le second avait touché un cyclomotoriste de 31 ans. Les faits datent du 16 mars dernier. L’accident s’était produit dans la commune de Combani. Le troisième accident mortel de l’année avait eu lieu près de Barakani. La victime était alors un enfant âgé de 13 ans qui circulait à pied.
Après ces multiples expériences traumatisantes, il est nécessaire de garder à l’esprit qu’une vigilance extrême est de mise sur les routes en mauvais état et souvent sinueuses de Mayotte.
L’appel des proches des victimes
Ahmed Fatihoussoundi, un neveu de la victime, a publié ce jeudi un message public sur le groupe «Info Route Mayotte» afin d’aller dans le sens une prise de conscience collective: «J’ai perdu ma tante dans l’accident d’hier à Bouyouni, ‘paix à son âme’. Je ne veux accuser personne mais je souhaite que nous, automobilistes, prenions conscience que nos routes ne sont pas des pistes de rallye pour les camions. Donc, je demande sincèrement à nos autorités de prendre des mesures nécessaires pour que cela cesse et que cela ne puisse pas se reproduire dans nos petites routes, s’il vous plait ayons une bonne attitude au volant, comprenons que nos routes ne sont pas des terrains de jeux. La route est dangereuse pour tous, même pour les piétons. Alors ne négligez pas vos vies au volant ou à pied car un accident peut si vite arriver».
Comme le rappelle le slogan de la campagne de sensibilisation de la sécurité routière #TousTouchés: «derrière chaque victime de la route, il y a des victimes dans la vie».
Ludivine Ali
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