« Il n’y a toujours pas de vaccination en PMI actuellement, et nous avons de plus en plus de maladies qui circulent, comme la rougeole », s’inquiète un médecin hospitalier que nous avons rencontré.
L’année dernière déjà, de graves manquements avaient été dénoncés en matière de vaccination des moins de 6 ans, incitant Santé public France à se mobiliser. « Plusieurs cas de maladies graves ou mortelles auraient pu être évités par la vaccination », soulignait même l’IREPS Mayotte, l’Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé, faisant référence à la mortelle épidémie de coqueluche de 2017 qui avait provoqué le décès de deux nourrissons.
Grâce à l’action menée avec l’Agence régionale de Santé Océan Indien (ARS OI), 4.000 enfants ont pu être vaccinés en 6 semaines du 22 mai au 30 juin 2018.
Problème, si les bébés et les jeunes enfants ont bien reçu gratuitement les vaccins contre la rougeole, les oreillons, la rubéole la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, etc., il n’y a pas eu de suivi, « ils n’ont pas reçu le rappel que devaient effectuer les PMI ».
Parallèlement, et comme en métropole et à La Réunion, le nombre de cas de rougeole a augmenté puisque nous nous sommes passés de deux enfants atteints fin janvier, à « 6 cas confirmés et 5 cas suspects », au 12 février 2019 selon l’ARS OI que nous avons contactée. Or, la rougeole est une maladie très contagieuse, puisqu’un malade peut contaminer entre 15 et 20 personnes, et qu’une personne malade est contagieuse 5 jours avant et jusqu’à 5 jours après l’apparition des boutons.
Restrictions levées
Nous avons contacté le conseil départemental dont dépendent les PMI. Issa Issa Abdou, 4ème vice-président Chargé de l’action sociale et de la Santé, s’explique : « Pour pallier l’absence de médecin, les infirmiers et les infirmières peuvent effectuer des vaccinations, mais la HAS, la Haute Autorité de Santé, émettait des restrictions. En attendant qu’elles soient levées, une convention signée avec le CHM permettait aux médecins de délivrer des ordonnances aux infirmiers afin de pratiquer la vaccination, mais cela n’a pas fonctionné correctement ».
La HAS a autorisé depuis 10 ans l’extension des compétences des sages-femmes et des infirmiers pour la vaccination notamment contre la grippe saisonnière, mais des restrictions demeuraient pour les primo-vaccinés et les femmes enceintes. Elles ont été levées par décret publié au Journal officiel le 26 septembre 2018. Le conseil départemental doit donc l’appliquer sur le territoire, « nous allons voter une délibération à cette intention le 21 février prochain ».
Il cible à environ 15.000 le nombre d’enfants suivis dans les PMI et qui pourraient donc être concernés. Une campagne de vaccination qui sera financée par les 120 millions d’euros de compensation versés par l’Etat aux PMI en fin d’année dernière.
Anne Perzo-Lafond
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