Monter en compétence, tout le monde en rêve pour tirer l’île vers le haut. Dans le secteur privé, ce sont les OPCA, maintenant OPCO, qui collectent la contribution de 1% auprès des employeurs, et assurent la gestion du financement de la formation professionnelle continue. Dans la Fonction Publique Hospitalière c’est l’ANFH, l’Association Nationale pour la Formation Permanente du personnel hospitalier, qui assure ce rôle.
Pour l’océan Indien, 7 structures sont adhérentes, couvrant 11.500 agents, avec en numéro 1, le CHU de La Réunion, et immédiatement après, le CHM de Mayotte, avec 2.600 agents. Et ce sont 13,1 millions d’euros qui ont été collectés pour la formation en 2017.
Pour gérer les cotisations versées par les hôpitaux, Guillaume Brionne, délégué régional de l’ANFH, doit se déplacer sur les territoires, ce qu’il fait deux fois par an à Mayotte : « Nous avons un rôle de conseil et d’accompagnement des agents. Autrefois, le temps professionnel était rythmé par les études, puis souvent le même métier et la retraite. Maintenant, il y a une interaction permanente entre travail et formation, et les salariés vont changer en moyenne trois fois de métier dans leur carrière. Sans compter qu’on repousse l’âge de la retraite. » Ce qui se concrétise par la formule de Formation tout au long de la Vie (FTLV) inscrite à la dernière loi sur la formation de 2018.
Fréquemment, il entend les personnels avoir envie d’autre chose, en avoir « marre de ce train-train » et avoir « envie de reprendre des études. « C’est ainsi que beaucoup d’aides soignants deviennent infirmiers ou infirmières. » Et que plusieurs infirmiers ou infirmières souhaitent de leur côté, prendre des responsabilités, « pour intégrer le bloc opératoire, ou devenir infirmier anesthésiste. »
“Une reconversion, c’est un bouleversement”
Des évolutions qui se préparent. « Une reconversion, cela n’est pas anodin, avec un impact sur la vie privée, sa famille, un déménagement, etc. C’est toujours un bouleversement professionnel et personnel. »
Mais qui est bénéfique ensuite : « A Mayotte plus particulièrement, on a besoin d’encourager la promotion professionnelle qui va fixer les agents sur place ensuite, avec une meilleure stabilité dans l’emploi. » C’est pourquoi le financement s’adresse autant aux catégories C, « avec formation aux savoirs de base, avec une certification CLEA pour remettre le pied à l’étrier », qu’aux cadres, « nous proposons des places dans des écoles de niveau master. »
Et ne croyez pas que l’ANFH ne finance que le médical : « Nous avons accompagné un agent réunionnais en formation au Québec pour devenir pilote de ligne. Et deux aides soignants mahorais vers un BTS diététique. » Certains se réorientent totalement, « couturier, fleuristes ». Sans compter qu’à l’intérieur de la fonction publique, un panel très étendu de métiers est proposé, du soignant, à l’électricien en passant par le plombier ou l’informaticien. »
103% de la collecte reversée
« Les fondamentaux en santé mentale », « La cicatrisation des plaies chroniques et complexes », « L’ère du digital dans la relation patients-soignants » : en magasins des dizaines de thèmes de formation.
Celle qui portait sur « Savoir identifier les situations de violences conjugales », a été prise d’assaut, rassurant dans un contexte mahorais d’augmentation des violences intraconjugales. « Nous avons enregistré 14.819 départs en formation sur les deux îles de l’océan Indien en 2017. »
Les cotisations pour les établissements sont de 2,9% de la masse salariale, au lieu de 1% dans le privé, « car les formations médicales sont plus chères ». Et à Mayotte, l’ANFH reverse plus que ce qui est collecté, « nous réinvestissons en formation environ 103% de la collecte, par le biais de la solidarité du fonds océan Indien, mais aussi nationale, car l’éloignement est compensé par la prise en charge des billets d’avions. »
Les agents sont reçus individuellement, y compris dans les centres périphériques que sont Dzoumogné, Mramadoudou, Kahani, et Dzaoudzi. »
Guillaume Brionne souhaite aussi développer des partenariats, notamment avec le conseil départemental lorsque seront installés les futurs foyers médico-sociaux, « pour financer la formation si la compétence est hospitalière et non territoriale ».
Avec des cotisations réinvesties à 100%, l’ANFH ne parvient pas à financer tous les besoins en formation, et des pistes sont à l’étude pour inventer des partenariats public-privé.
Anne Perzo-Lafond
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