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samedi 18 mai 2024
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Coronavirus : quand les vacances riment avec vigilance !

Il n'y a aucun cas de coronavirus Covid-19 à Mayotte rassure l'Agence régionale de santé. Mais la vigilance est de mise pour empêcher le virus d'arriver chez nous. Les voyageurs sont les premiers concernés.

La propagation du coronavirus Covid-19 se poursuit dans le monde, avec près de 3000 morts au total. L’épidémie partie de Wuhan en  Chine gagne du terrain à la faveur des voyages, ce qui explique la vigilance particulière qui est de mise ici, alors que commencent deux semaines de vacances. Pour l’heure, “le coronavirus ne circule pas à Mayotte” assure Dominique Voynet, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) qui reste prudente. “Les autorités de l’Etat font évoluer leur discours chaque jour” en fonction des nouvelles découvertes, précise-t-elle.

Pour bien comprendre la lutte contre l’épidémie, il faut revenir sur son mode de transmission. “On sait que ce virus se transmet par voie respiratoire, pas tant par les gouttelettes que par les mains” explique Dominique Voynet. En clair, passer près d’une personne contaminée ne présente que peu de risque. Lui serrer la main si elle a toussé dedans est bien plus contagieux !
“Si vous êtes à 1m d’une personne [malade] vous ne risquez rien” assure l’ancienne ministre. Du coup, “le premier message, c’est de se laver les mains, d’éviter de s’embrasser et de se serrer la main”. Toutefois, il n’y a aucune raison de céder à la psychose. Ces mesures préventives concernent “d’abord et avant tout les personnes qui ont voyagé”.

Ainsi, si vous souffrez de fièvre, de maux de tête ou de difficultés respiratoires sans avoir voyagé ou été en contact avec un voyageur, il est plus probable que vous souffriez d’une des infections qui circulent actuellement à Mayotte : la grippe ou la dengue par exemple. Les bébés sont aussi très touchés actuellement par la bronchiolite.

En revanche, “si on a voyagé, il faut se surveiller, voire rester chez soi, et si on montre des signes respiratoires, appeler le 15” prévient la directrice de l’ARS.

A l’inverse, il vaut mieux éviter de se rendre chez son médecin, ou aux urgences, précisément pour limiter le risque de transmission à d’autres personnes. Un appel au 15 permettra d’avoir directement un infectiologue qui déterminera s’il y a lieu de faire un test ou non. Des solutions sont à l’étude pour mener ces diagnostics au domicile.

Ces mesures doivent permettre de réserver l’hospitalisation aux patients les plus à risque, tels que les enfants, les personnes déjà atteintes d’une autre affection ou les personnes âgées.

Pour l’heure en tout cas, “il n’y a aucune raison de céder à la panique” insiste Dominique Voynet. Il convient notamment de ne pas se ruer sur les masques, ce, afin de ne pas créer de pénurie inutilement. Le port du masque n’est nécessaire que pour les patients déjà malades, afin d’éviter de contaminer les autres. Quant aux masques FFP2, ils servent principalement aux personnels soignants, inutile donc de les en priver en faisant des stocks chez soi.

Le CHM a toutefois pris les devants en commandant “un stock de matériel de 6 mois, on est armés pour faire face” assure sa directrice Catherine Barbezieux.

Ceci étant, le contexte de vacances signifie que la situation peut vite changer et demande une surveillance accrue. Au cours des deux prochaines semaines, des centaines de voyageurs en congé vont revenir à Mayotte. Or la période d’incubation étant de 14 jours, la plupart reviendront avant même de montrer les premiers symptômes s’ils ont été contaminés en métropole ou ailleurs. D’ici là, des “doctrines” sont attendues pour faire face. Ainsi, un professeur qui aurait séjourné dans l’Oise (département particulièrement touché) pourrait être invité à rester chez lui quelques jours par précaution.

On ne devrait toutefois pas voir fleurir de contrôles drastiques à l’aéroport comme on peut le voir dans d’autres pays. Principalement car “ça ne marche pas” assure l’ARS. En effet, il suffit à un voyageur d’ingurgiter un paracétamol pour tromper le thermomètre. En outre, beaucoup de cas sont asymptomatiques, ce qui ne les empêche pas de véhiculer le virus. “On va prendre toutes les précautions, mais pas des précautions gesticulatoires inutiles pour rassurer faussement. Il vaut mieux des mesures bien ciblées” tranche Dominique Voynet.

Parmi les premières mesures décidées, l’installation d’un stand d’information à l’aéroport de Pamandzi, où un arrivant avec des symptômes peut se signaler, et où informations et masques sont prévus au besoin.

Catherine Barbezieux et Dominique Voynet, directrices du CHM et de l’ARS

Quand aux autres voyageurs qui ne passeraient pas par l’aéroport, les différentes situations sont à l’étude. En premier lieux, les kwassas : pour un arrivant lambda, le risque d’apporter le virus est “le même que pour un passager en avion” assure l’ARS. Le risque viendrait plutôt des kwassas sanitaires ? Pas vraiment car “ils nous appellent quand ils arrivent” précise un urgentiste du CHM rodé à la prise en charge de ces malades qui viennent se faire soigner à Mayotte.

Les autorités françaises sont néanmoins en lien étroit avec leurs homologues comoriens “qui sont en alerte” afin d’éviter l’arrivée du virus dans l’archipel.

Enfin, un paquebot de croisière est attendu le 22 mars. D’ici là, les autorités sanitaires auront suffisamment de recul pour l’accueillir dans les conditions les plus sures, en évitant toute réaction “irrationnelle” comme on a pu le voir à La Réunion où des manifestations de colère visaient à empêcher tout débarquement, déplore Dominique Voynet.

Finalement, le site le plus à risque pourrait bien être le centre de rétention : entre les policiers susceptibles de revenir de vacances, les étrangers qui y transitent dans une certaine promiscuité et qui sont renvoyés vers les pays voisins, et ceux qui en ressortiraient libres, on peut se demander si ça ne risque pas d’être le point de départ d’une épidémie dans une zone du monde qui est pour l’instant exempte de tout malade. Curieusement, nous avons été “les premiers à poser cette question”, qui devrait donc être étudiée dans les tout prochains jours.

Mohamadou Niang, infectiologue du CHM, conseille d’appeler le 15 où un médecin posera des questions adéquates avant de faire un dépistage

Ceci étant, si le nouveau coronavirus occupe une large place médiatique, et mérite la plus grande prudence, il n’est pas non plus inutile d’en relativiser la gravité. Les cas graves ne représentent que 5% des malades. 80% présentent une forme bénigne. Et les quelque 2 à 3% de décès ne concernent que des patients âgés et/ou présentant déjà des affections graves. A titre de comparaison, la grippe “peut faire jusqu’à 15 000 morts par an” rappelle Dominique  Voynet, et bien qu’elle soit en pleine expansion à Mayotte, quasiment personne ne s’y fait vacciner, et elle ne fait pas non plus la Une des médias.

Y.D.

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