27.9 C
Dzaoudzi
mercredi 8 mai 2024
AccueilEconomie« S'il n'y a pas de reprise économique, nous retournerons 20 ans en...

« S’il n’y a pas de reprise économique, nous retournerons 20 ans en arrière », alerte le préfet 

Jean-François Colombet présentait ce lundi un plan de confinement selon un calendrier spécifique à Mayotte. Sous réserve que les cas se stabilisent, le top départ sera donné le 18 mai, avec la rentrée scolaire, puis une possible réouverture des bars et restaurants.

Le déconfinement pointe son nez en métropole, mettant en balance le sanitaire et l’économie dans les décisions politiques, en témoigne le discours du premier ministre devant le Sénat ce lundi, lors de la présentation du plan de déconfinement.

A Mayotte, le rouge est mis sur la carte. Ce qui place la problématique sanitaire en tête chez le préfet Jean-François Colombet. Au milieu du bazar ambiant des décisions parfois contradictoires au gouvernement, du manque de protections sanitaires, du retard de la fermeture de l’aéroport en local, la décision de la ministre Annick Girardin « de ne pas différencier la métropole et les outre-mer sur l’entrée en confinement », est soulignée. Les cas d’hospitalisation en médecine ne vont crescendo que maintenant, « et les transferts de patients non-Covid vers le CHU de La Réunion sont actés par le cabinet du premier ministre. »

Un masque par habitant commandé par la préfecture et le Département

En forte hausse, le nombre de cas positifs a été « multiplié par trois en 10 jours », « malgré les moyens demandés au national, nous n’avons pas eu la possibilité de monter en puissance sur les tests avant », rapportait Jean-François Colombet. En cause, « des contraintes techniques d’acheminement », et « le manque d’automates et d’équipes ». On devrait sentir une nette amélioration, puisque l’Elysée s’en est mêlé, « le président de la République a passé des commandes précises. »

Du côté des masques chirurgicaux la grosse commande de 850.000 unités du Département à un fournisseur chinois n’a pas été livrée, « ça ne pèse pas lourd, mais ça prend du volume », mais devrait l’être, « un avion a été affrété pour ça ». Une commande de 60.000 masques en tissu certifiée AFNOR, a été passée conjointement avec le Département, et une de 300.000 est en attente depuis… Madagascar, « il n’y a plus ni tissu, ni élastique à Mayotte. » Elle devrait arriver « la semaine prochaine ». Il le faut, elle garantit la rentrée scolaire.

Une fenêtre pour les sorties lagon

La plage n’est pas l’endroit le plus risqué du territoire en terme de contagion

La 2ème problématique porte sur l’économie. La fragilité de Mayotte secouée régulièrement par des crises sociales n’engendre pas l’optimisme pour ses entreprises à majorité des Très Petites (TPE). « J’ai expliqué au premier ministre qu’elles remboursaient toujours les prêts d’honneur de la crise de 2018, ce qui explique le peu de succès du Prêt Garanti par l’Etat. »

La 3ème concerne la scolarité, « l’école doit reprendre le plus tôt possible dans un respect strict du protocole sanitaire. »

Trois données qui incite le représentant de l’Etat à proposer un séquencement du déconfinement à vision locale.

Nous ne déconfinerons pas en même temps que la métropole, « j’avais dit, ‘Le 11 mai, ça se gagne’, malgré de gros efforts les premières semaines, le relâchement ne nous permet pas d’assouplir les règles à cette date. » Il l’explique par les « 40% de la population vivant dans des bidonvilles », provoquant une « crise alimentaire, de l’eau, et de l’énergie avec le pétrole lampant ».

A partir du 14 mai, une réflexion portera sur « la sortie en douceur du confinement pour le 18 mai, si les admissions en réanimation sont stables sur 4 semaines. » Les activités de plein air seront privilégiées, « comme l’accès encadré aux plages, aux terrains de sport et aux plans d’eau pour relancer notamment les entreprises qui y travaillent ».

La 2ème marche se fera le 25 mai, « je pousse fort pour que les bars et les restaurants dont la plupart sont en plein air ici, puissent rouvrir ». Une demande pas évidente à porter, « c’est compliqué politiquement parce qu’en métropole, cela ne se fera pas avant début juin. » Les restaurants devront adopter une distanciation de tables. Certains ont un espace suffisant même en le remplissant, d’autres non, « ils devront faire 15 couverts par exemple au lieu de 30 ».

Prés de 800 grenades contre les murengue

Tant qu’à sortir, les enfants attendus dans les écoles (Image d’archive)

Et la 3ème montée en puissance sera pour le 2 juin, avec l’ouverture du ciel aux vols commerciaux, « si l’activité économique repart, nous ne pourrons pas nous contenter d’un pont aérien. » Un parcours sanitaire sera organisé au départ à Roissy. Quant aux vols en direction de Paris, le placement en quarantaine des passagers Mahorais est inscrit dans le projet de loi débattu au Parlement cette semaine, « attendons de savoir ce qu’il devient », juge le préfet.

Le premier ministre Edouard Philippe l’a dit devant les sénateurs, « Cinq mois de décrochage scolaire, c’est une bombe à retardement. » La rentrée se fera « du 18 mai au 25 mai, comme le propose le recteur, et avec les maires qui sont prêts, avec une protection des enseignants et des élèves. Ce serait bizarre d’avoir des enfants qui jouent dans la rue, sans avoir accès aux cours. »

Le SOMACO de Tsoundzou dévasté ce week-end lors d’une opération anti-murengue

Le préfet s’est exprimé sur le climat social et les murengue épicentres de contamination, à combattre. Les tensions de ce samedi soir ont fait des blessés, mais ce n’est pas par manque d’effectifs selon lui : « Le général de gendarmerie ou le directeur de la police nationale n’en ont pas demandés en tout cas, mais en cas de besoin, ils sont accordés par le président de la République. » Ce sont 32 murengue référencés depuis le début du ramadan, « nous avons tiré prés de 800 grenades en intervention à chaque fois. » Le résultat n’est pas à la hauteur, « l’usage de la force n’est pas suffisant, c’est un phénomène culturel très répandu, le confinement c’est aussi une histoire de civisme et pas seulement l’affaire de l’Etat. »

Mayotte est doublement pénalisée : entrée très tôt en confinement, elle aurait pu espérer amoindrir l’effet du Covid et sortir plus tôt. La situation est à l’opposée, nécessitant de mettre en place une soupape alors que la situation sanitaire est encore risquée. « Si nous n’entamons pas dans deux semaines une reprise économique, nous retournerons 20 ans en arrière », met en garde le préfet.

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

4 Commentaires

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...